Sources :
Ø
Extrait
des travaux du major Z. - Le
Journal des Sciences Militaires – Revue
militaire française – 83è année – 1907
- Imprimerie et librairie militaires – R.
Chapelot & Ve – 30 passage
Dauphiné à Paris
Ø
Bibliothèque
Nationale de France – gallica.bnf.fr
Ø
Wikipedia.org
Ø
Herodote.net
Ø
Encyclopaedia
Universalis
Ø
Encyclopédie
Larousse
LA GUERRE DE SUCCESSION
D’AUTRICHE
1740 – 1748
(EPISODES
DANS LES ENVIRONS D'OBERSAASHEIM CITES
DANS LES TEXTES)
RESUME HISTORIQUE
Le
20 octobre 1740, l'empereur
romain germanique de la maison de Habsbourg,
Charles VI meurt. Conformément à
la Pragmatique Sanction de 1713 ratifiée par
l'ensemble des États européens, sa
fille aînée, Marie-Thérèse d'Autriche, lui
succède dans ses États patrimoniaux.
Une femme ne pouvant régner sur l'Empire,
Marie-Thérèse pense pouvoir faire
élire son mari François de Lorraine à la
tête de l'Empire.
Âgée
de seulement 23 ans, et
étant de plus une femme, elle est considérée
comme un souverain politiquement
faible. En effet, d'autres princes, qui lui
sont apparentés, aspirent à la
remplacer sur le trône autrichien ou du
moins à s'emparer des possessions
patrimoniales de la jeune princesse, tel
Charles-Albert, électeur de Bavière ou
Frédéric-Auguste II, électeur de Saxe et Roi
de Pologne.
L'entrée
en guerre de la Prusse
Cependant,
c'est un souverain monté tout récemment
sur
le trône, que Marie-Thérèse considère
comme son allié le plus fidèle qui met le
feu aux poudres : Frédéric II, tout
nouveau roi de Prusse, son père le
« Roi-Sergent » est mort le 31
mai 1740, qui, ayant demandé en vain
la Silésie, riche et peuplée d'un million
d'habitants, pour prix de son vote à
l'élection impériale, fait envahir sans
déclaration de guerre préalable, la
région convoitée dès décembre 1740.
Marie-Thérèse
compte alors sur George II de
Grande-Bretagne - également électeur de
Hanovre - pour intervenir, mais le
Premier ministre britannique Walpole
refuse d'entraîner son pays dans le
conflit.
Très
vite, le 16 décembre, Frédéric II remporte
ses
premières victoires avec une armée petite
mais très bien entraînée et équipée
de fusils modernes, permettant à
l'infanterie de tirer cinq coups quand ses
adversaires en tirent trois. Il prend les
forteresses de Głogów, Brzeg et
Neisse et hiverne, ayant envahi la
Silésie, ce qui lui permet de doubler sa
population, avec une grande industrie.
L'entrée
en guerre de la France
La
France avait accepté à demi-mots la
Pragmatique Sanction
en 1738, pour autant qu'elle ne lésât pas
les intérêts des tiers. En l'espèce,
elle lèse ceux de Charles-Albert, du moins
le prince bavarois peut-il le
prétendre. Dans l'opinion, après la mort
de Charles VI, un fort courant se
dessine pour affaiblir l'ennemi
traditionnel Habsbourg. Le comte de
Belle-Isle,
petit-fils du surintendant Fouquet et
gouverneur des Trois-Évêchés (Metz,
Toul
et Verdun),
de la Lorraine et du Barrois, régions
frontalières, se fait le champion
de cette position, contre celle plus
pacifiste du cardinal de Fleury.
Louis
XV
cède finalement au parti belliciste :
la France soutiendra les prétentions
de l'Électeur de Bavière, ne laissant à
Marie-Thérèse que son domaine
héréditaire. Le 11 décembre 1740, il
envoie Belle-Isle, à qui il vient de
remettre son bâton de maréchal, assisté
comme son ambassadeur à l'élection du
Bavarois à Francfort.
Le
5 juin 1741, Frédéric II signe un traité d'alliance avec le maréchal de Belle-Isle.
Par ce traité, la France s'engage à
soutenir militairement l'Électeur de
Bavière, et à reconnaître les conquêtes
prussiennes en Silésie. En
contrepartie, Frédéric ne consent que des
promesses.
Les
autres alliés de la Prusse, hormis la
France, sont
l'Espagne et la Bavière ; d'autres
alliés les ont rejoints plus ou moins
constamment.
La
cause autrichienne est soutenue par la
Grande-Bretagne et les Provinces-Unies,
traditionnels opposants à l'hégémonie
de la France. De leurs alliés temporaires
il faut retenir le royaume de
Sardaigne et le duché de Saxe.
Contre
l'Autriche, deux fronts
se dessinent, l'un prussien, rapidement
gagné et entériné par le traité de paix
de Breslau du 11 juin 1742, l'autre
français, marqué par les victoires
autrichiennes, sur son terrain, où personne
ne perd.
En
1743, l'Autriche signe une
alliance militaire, le traité de Worms.
Le
front Prusse-Autriche
La Prusse, victorieuse, gagne des
territoires sur l'Autriche. Prusse et
Autriche signent alors une paix
séparée : la Prusse cesse la guerre
au mépris des conventions passées avec
ses alliés, conserve les territoires
conquis, et s'engage à respecter la
Pragmatique Sanction de l'empereur Charles
VI du Saint-Empire qui cède les
trônes héréditaires des Habsbourg à sa
fille Marie-Thérèse d'Autriche. Par
cette paix séparée, la Prusse laisse la
France seule dans l'embarras d'une
guerre où elle avait été poussée par la
Prusse.
Le
front France-Autriche
La
guerre se porte rapidement
en Allemagne, où les Français s'engagent
sous le commandement théorique des
Bavarois. Maurice de Saxe s'empare de Prague
le 26 novembre 1741. Mais
Marie-Thérèse, disposant de la couronne de
Hongrie, parvient à repousser par
une « petite guerre », menée par
des éléments Croates et Hongrois,
les forces franco-bavaroises. Prague est
reprise par les Autrichiens à l'issue
d'un siège de 7 mois. L'armée française,
dont les lignes de ravitaillement sont
étendues, doit se retirer vers le Rhin
1743 Camp des
troupes françaises en marche pour la
Bohême entre Nuremberg et Erlastejen
où elles ont passé Pâques
LA BATAILLE DE DETTINGEN
Les
Bavarois (alliés de la France) avaient
subi une
défaite sévère près de Braunau le 9 mai 1743 et une
armée alliée d'environ
50 000 hommes (Britanniques,
Hanovriens et
Autrichiens) dite pragmatique
commandée par le roi George II et formée
sur le Rhin inférieur après le retrait de
Maillebois, s'avançait vers le
sud dans le pays du Main et du Neckar.
Une
armée française d'environ
70 000 soldats
sous les ordres du maréchal de Noailles
avait été rassemblée sur le cours moyen
Rhin pour contrer cette nouvelle force.
Mais le duc de Broglie était en pleine
retraite, et les places fortes de Bavière
capitulaient les unes après les
autres devant le prince Charles. Les
Français et les Bavarois étaient presque
expulsés de la région du Rhin quand la
bataille eut lieu.
Georges
II, complètement dominé dans la manœuvre
par
des adversaires mieux aguerris, était en
grand danger entre Aschaffenbourg et Hanau dans le
défilé formé par les collines du Spessart
et la rivière Main, n'ayant pas eu de
ravitaillement notamment en pain depuis
une semaine.
Noailles
bloqua la sortie du défilé et disposa des
postes tout autour. Une partie des
troupes, commandées par le duc Louis de
Gramont, traversa le Main devant le
village de Dettingen. Les ordres étaient
de
rester sur une position défensive mais il
attaqua. Repoussés, ses hommes
cherchèrent à se replier sur les ponts
mais certains de ceux-ci s'effondrèrent
et les soldats furent noyés.
La
compagnie des chevau-légers de la garde
royale
française y fut anéantie.
Plan
de la bataille de
Dettingen
L'honneur
de la victoire alliée revint
principalement
à Léopold-Philippe d'Arenberg, qui fut
blessé dans l’action. Georges II avait
été témoin de sa bravoure, de l’habileté
dont il avait fait preuve ; il
voulut montrer combien il les
appréciait : ayant quitté l’armée le
1er octobre,
pour se rendre dans ses États de Hanovre,
ce fut au duc d'Arenberg qu’il en
remit le commandement. La campagne se
termina bientôt après, et le duc, ayant
fait repasser le Rhin à ses troupes, leur
assigna des quartiers d’hiver.
À
Dettingen
en juin 1743, le roi de Grande-Bretagne se
laisse prendre dans un piège par les
Français. Mais, sachant que la bataille va
reprendre le lendemain, l’armée
britannique réussit à s’enfuir durant la
nuit en abandonnant ses blessés et une
partie de son artillerie sur le champ de
bataille. C'est la dernière fois qu'un
roi britannique commande sur un champ de
bataille contre les Français.
Toutefois, le roi Georges II réussit à
présenter au peuple britannique, comme
une grande victoire personnelle, l’échec de
sa capture par les Français.
LA RETRAITE
DES FRANÇAIS SUR LA RIVE GAUCHE DU RHIN
Marche de l'armée de la Pragmatique et dispositions définitives des
Français.
Pendant
que tous ces événements
s'étaient passés sur le Main, le maréchal de
Broglie, las et découragé, cédant
tant à la pression de son armée démoralisée
qu'aux rumeurs qui lui venaient de
France, s'était replié sur Donauwörth,
abandonnant la Bavière à ses propres
forces, la livrant en réalité aux
Autrichiens.
Le
jour même de la bataille de
Dettingen, Seckendoff avait signé, au
couvent de Nieder-Schönenfeld, une
convention par laquelle les Autrichiens
consentaient à ne pas inquiéter les
troupes impériales tant qu'elles
occuperaient un territoire neutre de
l'empire.
En
même temps, malgré
l'arrivée des renforts amenés par Ségur, et
en dépit des ordres formels de
Louis XV, Broglie quittait Donauwörth et
mettait son armée en retraite vers le Rhin.
Le mal était fait. La disgrâce dans laquelle
tomba le maréchal de Broglie à la
suite de cette retraite, à coup sûr
prématurée, peut-être même inutile et en
tout cas en contradiction directe avec les
ordres de sa cour, était tout au
plus une manifestation plus ou moins
officielle du désappointement éprouvé par
le roi, obligé désormais, en présence du
changement absolu qui s'était opéré, à
songer aux mesures indispensables à l'aide
desquelles il s'agissait pour lui de
protéger ses frontières de l'Est, menacées
d'un côté par l'armée de la
Pragmatique et, de l'autre, par la grande
armée du prince Charles de Lorraine.
Le
30 juin au soir, Noailles
avait eu un instant l'idée de se faire
rejoindre au plus vite par un des corps
de l'armée de Bavière, et d'attaquer et de
battre l'armée de la Pragmatique avant
l'entrée en action du prince Charles.
L'arrivée de l'empereur Charles VII, le
28 juin, à Francfort, où chassé de ses
États, il venait chercher un refuge,
acheva de décider Noailles à ne plus songer
qu'à opérer avec l'armée de Broglie
une jonction grâce à laquelle il espérait
empêcher celle des deux armées
alliées.
La
crainte de voir Charles VII
signer en désespoir de cause la paix avec
ses ennemis, avait décidé Noailles,
qui ne se faisait aucune illusion sur la
gravité croissante de jour en jour de
sa situation, à promettre à ce pauvre
empereur de se maintenir en Allemagne le
plus longtemps possible.
S'attendant
toutefois à voir
l'armée de la Pragmatique sortir à bref
délai de son inexplicable inaction,
reprendre l'offensive et se porter au-delà
du Main, le maréchal envoya dès le 4
juillet les 3 régiments de cavalerie qui
venaient de le rejoindre à Pfungstadt.
Le lendemain, sur certains indices qui lui
faisaient croire à la probabilité
d'une tentative de passage du Mein par
George II. à hauteur de Fechenheim, il
se hâta de faire occuper Bürgel par
e
lieutenant général MontaI, à la tête d'une
colonne forte de 15 bataillons, 22
escadrons et 20 canons.
Le
même jour, le premier
échelon de l'armée du maréchal de Broglie
avait atteint le Neckar et s'était
établi à Wimpfen. Le dernier échelon arrivé,
Maurice de Saxe prit le
commandement de cette armée désormais placée
sous les ordres de Noailles. D'accord
avec sa cour, Noailles avait espéré pouvoir
constituer, à l'aide de la
cavalerie et des quelques troupes de Broglie
encore en état de tenir campagne,
un corps qui, posté sur le Neckar, se serait
tenu sur la défensive sur cette
rivière, ou serait éventuellement venu le
rejoindre et le renforcer, tandis
qu'il aurait envoyé le reste de son armée en
Alsace pour se refaire et assurer,
avec le concours des paysans de cette
province, la garde du Rhin.
L'état
dans lequel les
colonnes de Broglie, harcelées sans cesse
pendant les derniers jours de leur
retraite par les hussards de Nadasdy,
étaient arrivées sur le Neckar, l'effet
moral produit par le coup de main tenté dans
la nuit du 5 au 6 juillet par le
général Feldwachtmeister Esterhazy, qui
enleva avec un convoi de 120 voitures
la plus grande partie de son escorte forte
de 2 compagnies de grenadiers, 50
fusiliers et 100 cavaliers, l'épuisement
causé par des marches rendues plus
pénibles encore par des pluies continuelles,
détruisirent les dernières
espérances de Noailles et lui démontrèrent
l'impossibilité de continuer la
lutte en territoire allemand.
Les
nouvelles que lui firent
tenir les résidents français de Stuttgard,
Trêves et Cologne, lui signalant, à
la date du 6 juillet, que les États-Généraux
qui, cédant aux instances répétées
de l'Autriche s'étaient décidés à porter
vers le Rhin un corps auxiliaire de 14
bataillons et 22 escadrons, qui ne
s'ébranla, il est vrai, que vers la fin de
juillet, obligèrent Noailles, trop faible
pour pouvoir faire face de tous côtés
à la fois, à demander à Charles VII
l'autorisation de se mettre en retraite
vers le Rhin.
Devant
la résistance de
l'empereur, qui se refusait à admettre
l'imminence du danger parce que la
retraite de l'armée du maréchal lui faisait
perdre son dernier appui, Noailles
dut se borner à donner à Maurice de Saxe
l'ordre de se replier sur Spire, en se
servant du pont établi depuis longtemps en
amont de cette ville, d'évacuer, le
9 juillet, sur des bateaux, son train, sa
grosse artillerie et ses malades sur
Mannheim et de diriger sur ce point, les 10
et 11 juillet, ses troupes
auxquelles, grâce à la destruction des ponts
du Neckar, il espérait pouvoir
donner un peu de repos à Wimpfen.
Ce
dernier espoir du maréchal
fut encore déçu. Les hussards et les
Croates, arrivés dans la nuit du 10 au 11
juillet sur la rive droite du Neckar, à
Neckar-Ulm, dirigèrent un feu meurtrier
sur le camp des deux brigades de cavalerie
française établies à peu de distance
de la rivière.
L'armée
du Main était dès ce
moment forcément obligée de suivre le
mouvement rétrograde du corps de Maurice de
Saxe. Noailles se rendit en personne à
Francfort pour exposer lui-même la
situation à Charles VII qui, malgré la
réception d'un courrier de Maurice de
Saxe apportant la nouvelle de la marche vers
le Neckar du prince Charles de
Lorraine, et de l'arrivée du gros de son
armée, marchant sur trois colonnes, du
15 au 18 juillet, se refusa à croire à ce
mouvement et à se rendre aux représentations
de Noailles, jusqu'au moment où ces faits
lui furent confirmés par un neveu de
Seckendorffvenant de Donauwörth.
Le
10 juillet, Bercheny
s'établit avec ses hussards et 12 compagnies
de grenadiers en face de Hochst,
avec ordre de surveiller le cours du Main en
aval de Francfort, et de couvrir
les flancs de l'armée pendant les premières
marches. Deux régiments de dragons,
sous les ordres du maréchal de camp
d'Apcher, lui servaient de soutien à
Neu-Isenburg, et le lendemain, le maréchal
de camp du Mesnil, envoyé à Dieburg
avec un gros détachement, y assura
l'évacuation et le départ des magasins de
vivres
qu'on y avait établis.
Le
12, l'armée atteignit
Sprendlingen, le 13, Grafenhausen. A partir
de ce point Bercheny forma son
arrière-garde. Le corps de Maurice de Saxe
avait entre-temps continué sa retraite,
mais non sans être si sérieusement inquiété
par les hussards autrichiens qui
atteignirent ses colonnes le 12 juillet
entre Sinsheim et Wiesloch que son
chef, au lieu de pouvoir passer le Rhin en
échelons se suivant à un jour de
marche, dut accélérer le mouvement de ses
trois dernières divisions et que le
général Feldwachtmeister Esterhazy put dès
lors se tourner contre Noailles et
pousser sur Wertheim. Afin d'empêcher les
hussards de Nadasdy, qui avaient
jusque-là poursuivi les régiments de Maurice
de Saxe, de prévenir son armée au
passage à hauteur de Rheindiirkheim, le
maréchal envoya au comte de Saxe le 13
juillet l'ordre de faire occuper les
passages du Neckar à Heidelberg par le
lieutenant général de Phelippes à la tête de
40 compagnies de grenadiers, 400
cuirassiers et 800 dragons.
Le
13 juillet dans l'après-midi,
le corps de Maurice de Saxe, entièrement
démoralisé par la retraite, campait
entre Spire et Otlerstadt sur la rive gauche
du Rhin dont il occupait les ponts.
Le
lendemain 14, pendant que
Maurice, de Saxe faisait surveiller, par des
détachements sous les ordres des
lieutenants généraux Lutteaux, Conti et de
Clermont-Tonnerre,la ligne du Rhin
entre Mannheim, Spire et Lauterburg,
Noailles était en marche sur Pfungstadt et
continuait le lendemain sur Gross-Rohrheim.
Informé
par du Mesnil posté à Zwingenberg
et par Phelippes qui s'était replié sur
Weinhem que les troupes légères et les
hussards autrichiens s'étaient montrés en
force tant à l'est de Zwingenberg
qu'aux environs d'Heidelberg, Noailles prit
immédiatement ses mesures pour
passer le Rhin à Rheindürkheim.
Dès
le 15, Bercheny occupa
avec ses hussards Gernsheim et Jugenheim, et
d'Apcher Habnlein avec ses 2
régiments de dragons. On détacha le duc de
Chevreuse avec 3 régiments de
dragons à Bernsheim, et Phelippes renforcé
par 20 compagnies de grenadiers eut
ordre de se porter de Weinheim sur Lorsch et
d'occuper Klein-Hausen et
Neuschloss.
L'armée
du maréchal, couverte
pendant la journée du 17 par 2 brigades
postées à Hofheim, 2 à Nordheim, 1 à
Waltenheim, 1 près de Biblis au pont de la
Weschnitz, employa les journées des
16,17 et 18 juillet au passage du Rhin.
Phelippes, établi avec ses troupes à
Bürstadtet à Bolstadt, passa le Rhin dans la
nuit du 17 au 18 et rejoignit
l'armée au camp de Spire. Le 18, dans la
matinée, au moment où l'on commençait
à replier les ponts, les hussards
autrichiens parurent sur la rive droite,
mais
ils ne purent toutefois empêcher les
Français de continuer l'opération qui fut
entièrement achevée le lendemain.
Les
deux armées françaises
réunies à l'ouest du Rhin dans le Palatinat
étaient désormais en mesure de
s'opposer, comme Noailles eut soin de le
dire dans son mémoire du 11 juillet,
aussi bien aux tentatives des Hollandais et
de l'armée de la Pragmatique sur le
pays Messin, qu'aux mouvements des
Autrichiens sur l'Alsace et à une attaque
qu'ils auraient voulu exécuter contre la
ligne de la Lauter.
Arrêté
par le manque d'argent
et de vivres, le prince Charles de Lorraine
avait dû se borner à faire suivre
la retraite des Français par ses troupes
légères et se résigner à maintenir le gros
de son armée pendant dix jours sur le Lech.
Il espérait, du reste que, pendant
ce temps, l'armée de la Pragmatique
profiterait de son succès pour prendre
l'offensive et pousser au-delà du Main avant
que les débris de l'armée du
maréchal de Broglie aient pu atteindre la
rive gauche du Rhin. Malgré les
efforts de lord Stair, qui avait vainement
essayé de décider son roi à s'avancer
jusqu'au Neckar, George Il avait déclaré
formellement qu'il n'entreprendrait
rien avant l'entrée en ligne de l'armée du
prince Charles, et il s'était en
effet contenté de détacher sur Hochst 8
bataillons qui s'y retranchèrent.
Marie-Thérèse,
instruite par
l'expérience du passé, avait entre-temps
chargé le Feld-maréchal-lieutenant
comte Browne de se rendre auprès de George
II, de le décider à prendre
l'offensive et de combiner avec lui le plan
ultérieur des opérations. Obligé de
laisser 16 000 hommes avec le Feld-maréchal
baron Barnklau en Bavière, afin de
s'assurer la possession de ce pays et de se
rendre maître d'Ingolstadt, le
prince Charles ne disposait plus, au moment
de commencer sa marche vers le
Rhin, que de 45 000 combattants dont la
moitié à peu près se composait de
cavalerie. Encore faut-il ajouter que 7 000
cavaliers irréguliers figuraient
dans ces chiffres.
Le
mouvement commença le 6
juillet par la mise en route de 1 000
chevaux qui, formant l'avant-garde et
placés sous les ordres du général
Feldwachmeister Brettlach, passèrent le Lech
à
Rain. Le reste de l'armée, marchant sur
trois colonnes, s'ébranla quarante-huit
heures plus tard, passa le 9 et le 10
juillet le Danube à Blindheim et
Dillingen, et arriva le 17 juillet sur les
bords du Neckar, où elle s'arrêta
pendant trois jours, qu'on employa à assurer
les subsistances, et d'où l'on fit
partir les cavaliers légers réclamés par
George II et qui rejoignirent l'armée
de la Pragmatique en passant par Miltenberg
et Wôrth.
Presque
au même moment,
informé parle Feldmaréchallieutenant von
Damnitz, qui commandait à Fribourg en
Brisgau, des tentatives exécutées par les
Français pour s'emparer de Vieux-Brisach,
et du rassemblement fait par eux de tous les
bateaux sur la rive gauche du
Rhin, le prince Charles poussa Trenck et 500
Pandours sur le Brisgau, où ils
arrivèrent le 31 juillet, et ordonna à
Damnitz de préparer de gros
approvisionnements pour son armée et de
réunir, lui aussi, des bateaux et des
radeaux.
Partie
des bords du Neckar le
21 juillet, l'armée autrichienne arrivait
quatre jours après sur la ligne
Bruchsal-Durlach (où s'établit le quartier
général) et Ettlingen. Elle avait
atteint la frontière de la France, les bords
du Rhin qu'observaient les
hussards de Beleznay et de Karolyi, sous les
ordres du général Foigach, du
corps franc de hussards du colonel Menzel,
le tout sous les ordres du
feld-maréchal-lieutenant Baranyay ses
Croates.
Les généaux Trips et Nadasdy se tenaient
avec leurs hussards, le
premier en face de Worms et Spire,le second
à Schröck.
A
la première nouvelle de
l'approche du prince Charles, Gensac, qui
commandait à Strasbourg, avait
immédiatement, et dès le 15 juillet, pris
toutes ses mesures pour surveiller et
garder la ligne du Rhin jusqu'à Huningue,
ramener sur la rive gauche près de
400 bateaux, mis un bataillon de milices
dans l'île de Chalampé, fait occuper
par sa cavalerie les principaux points de
passage: Ottmarsheim, Rumersheim,
Biesheim, Marckolsheim, Rhinau, réparé et
remis en état les redoutes, les voies
de communications, les ponts, etc.
Le
jour même de son arrivée à
Durlach, Charles de Lorraine était parti
pour Hanau pour s'entendre avec George
II. Il y arriva le 26.
Lors
de la conférence qui eut
lieu le lendemain 27, le prince Charles
finit, après de longues discussions,
par obtenir de George II son adhésion à un
plan d'opérations d'après lequel les
forces de la Coalition devaient agir contre
la France en trois groupes séparés.
L'armée
autrichienne, à
laquelle on attribuait le rôle principal, la
tâche la plus difficile, devait se
porter sur le Haut Rhin, le passer, soit
entre Huningue et Neuf-Brisach, soit
entre ce point et Strasbourg, tomber sur les
derrières des Français et les couper
de la Haute-Alsace, de la Franche-Comté et
de la Bourgogne.
L'armée
de la Pragmatique,
débouchant de Mayence pour s'avancer entre
la Moselle et le Rhin, ne passerait
le Rhin que lorsque le prince Charles et les
Hollandais, venant de Trèves et destinés
à entrer dans les Trois Evêchés, auraient
commencé leurs opérations.
Lors
de son arrivée sur le
Rhin, le maréchal de Noailles avait
dans
le principe pensé que le prince Charles
n'enverrait qu'une assez faible partie
de son armée vers le Haut-Rhin, qu'il
opérerait lui-même à la tête de son gros
sa jonction avec l'armée de la Pragmatique
pour passer ensuite le fleuve avec
elle en aval de Mayence. Il lui était en
tout cas impossible de prévoir si
l'armée ennemie prendrait de là sa direction
vers la Moselle, vers la Sarre ou
vers la Basse-Alsace. Cette dernière
hypothèse lui semblait la plus probable
par cela même que Landau était hors d'état
de se défendre, qu'on n'avait rien
fait pour les lignes de la Queich et de la
Lauter, que les fortifications de
Wissembourg, de Lauterhourg, de Fort-Louis,
d'Haguenau tombaient presque en
ruines, enfin parce que la supériorité
numérique et morale des armées alliées
leur permettait de bloquer et d'affamer
Landau et de pousser, presque sans
rencontrer d'obstacle sérieux sur leur
route, jusque sous les murs de
Strasbourg et de se répandre dans la
Basse-Alsace.
Noailles
prit par suite le
parti de couvrir de son mieux le Haut-Rhin
et la frontière de la Lorraine entre
la Meuse et la Sarre, d'établir le gros de
ses forces dans la Basse-Alsace,
d'approvisionner sans perdre une minute
Landau, Wissembourg, Lauterbourg,
Fort-Louis, et de remettre en état les
ouvrages établis antérieurement à
Drusenheim et les redoutes élevées entre
Strasbourg et Lauterbourg.
Dès
le 20 juillet, il
dirigeait à cet effet, du camp de Spire vers
l'Alsace, où il n'y avait
jusque-là que 15 bataillons de milices et
quelques escadrons de nouvelle
formation ou en train de se reconstituer, le
lieutenant général comte de
Clermont-Gallerande, avec 27 bataillons, 40
escadrons et 1 bataillon
d'artillerie. Une partie de ces troupes
devait être jetée dans les places, et
le gros de la colonne avait ordre de
s'établir sur la ligne Huningue-Rhinau, où
elle prit position le 30 juillet.
Le
23 juillet, Maurice de
Saxe, chargé de la défense de la
Haute-Alsace, partait de Spire avec 22
bataillons, 38 escadrons et 2 compagnies
franches et, marchant sur trois
colonnes, arrivait le 31 à Schlestadt. La
cavalerie de la Maison du roi allait
en même temps s'établir entre Strasbourg et
Phalsbourg, tandis que la
gendarmerie, encore en route pour rejoindre,
recevait du maréchal l'ordre de se
cantonner à Ingweiler.
Noailles
se replia le 20
juillet el vint camper entre Spire et
Heiligenstadt. Il s'occupa sans plus tarder
de déterminer la répartition des troupes
placées sous ses ordres et qu'il
divisa en trois groupes : l'un, fort de 14
bataillons et 15 escadrons, sous le
lieutenant général comte de Bavière, vint
camper à Germersheim, le deuxième,
composé de 18 bataillons, 19 escadrons et 1
bataillon d'artillerie aux ordres
du prince de Conti, s'établit à Landau, dont
les ouvrages devaient être remis
en état au plus vite, tandis qu'un troisième
groupe de 15 bataillons et 16
escadrons était chargé de la garde et de la
réfection des lignes de la Lauter
et de l'établissement d'une double tête de
pont à Lauterbourg.
Presque
au même moment, le 29
juillet, il dirigeait sur les places de la
Lorraine et du pays messin 19
bataillons, 10 escadrons et 1 bataillon
d'artillerie, dont le rétablissement et
la reconstitution devaient prendre plus de
temps. Il postait à Bitche le duc de
Bouftlers, avec 14 bataillons, et à
Dietweiler le prince de Dombes qui, avec 15
escadrons de carabiniers, devait assurer les
communications avec son armée.
Le
lieutenant général
d'Harcourt, remis de la blessure qu'il avait
reçue à Dettingen, prit à ce
moment le commandement de toutes les troupes
des pays messins.
Il
ne restait plus à Noailles,
au camp de Spire, que 19 bataillons et 42
escadrons.
Plan des camps d'une partie de l'armée du Roy aux ordres de M. le
Maréchal de Coigny et de celles des
ennemis, campées en présence aux deux
rives
du Rhin, vis-à-vis l'Isle Reinach, 4
septembre 1743
LA CAMPAGNE D’ALSACE
Les
quartiers d'hiver
des armées.
Début
octobre 1743, le prince
Charles de Lorraine déclara qu'il ne restait
plus qu'à raser Vieux-Brisach, à
occuper fortement Fribourg et à mettre
l'armée en quartiers d'hiver dans la
Souabe autrichienne, en Bavière et dans le
Haut-Palatinat. Il demanda au
roi de Grande-Bretagne George II de rester
à Spire jusqu'au 20 octobre, afin de laisser
aux Autrichiens le temps de détruire
les ouvrages de Vieux-Brisach et de tout
disposer pour la marche en retraite.
Le roi ne voulut rien entendre. Son armée
commença à se replier dès le 10
octobre.
Le
16, George II quitta son
armée à Nierstein et retourna à Hanovre. Le
17, les Hollandais repassèrent le
Rhin à Mayence, le 18, c'était le tour des
Anglais suivis le lendemain par les
Hanovriens et le surlendemain
par
les Hessois et les
Autrichiens. Les Hollandais prirent leurs
quartiers à Charleroi, Mons,
Saint-Ghislain, Ath, Oudenarde, Courtrai;
les Anglais dans les Pays-Bas; les
Hanovriens en Westphalie, à Cologne et dans
le Brabant, et les Autrichiens qui,
sur l'ordre du prince Charles durent rester
à l'armée de la Pragmatique, dans
le Luxembourg et les Pays-Bas. Les Hessois
qui s'engageaient à rejoindre au
printemps de 1744, rentrèrent dans leur
pays.
Les
fortifications de Vieux-Brisach
commencées en 1722
A
l'armée du prince Charles,
on avait démoli et fait sauter entre temps
les ouvrages de Vieux-Brisach, et le
12 octobre lorsque le lieutenant-colonel
Pallavicini rapporta de Spire la nouvelle
de la retraite de l'armée de la Pragmatique,
Charles de Lorraine donna l'ordre
d'accélérer le départ de ses troupes. Dans
la nuit du14 au 15, on mit le feu
aux redoutes élevées dans l'île de Rheinach
et on profita de la nuit du 16 au
17 pour replier le pont.
Le
17, le prince de Waldeck,
qui s'était réuni la veille à Neuenburg avec
le comte de Hohenems, rentrait
dans l'ancien camp de Munzingen. Le 18, les
troupes venant de Sponech et de
Saspach rétrogradaient sur Hochstetten. Le
19, toute l'armée était réunie à Munzingen.
On
ne laissait en observation
sur le Rhin que les Croates, les Pandours et
une partie des hussards soutenus
par une réserve de 2 régiments d'infanterie
et de 2 de cavalerie (2 900 hommes
et 1 300 chevaux), qui, sous les ordres du
feld-maréchal-lieutenant prince de
Saxe-Gotha, alla se cantonner dans la Souabe
autrichienne, tandis que le gros
du corps d'observation — 20 bataillons, 20
compagnies de grenadiers, 4 000
Croates, 2 régiments de dragons et 4 de
hussards, soit environ 11 000 hommes et
4 200 chevaux— recevait l'ordre de se réunir
provisoirement au camp de
Hochstetten, sous les ordres du général de
cavalerie Berlichingen et, jusqu'à
son arrivée, sous ceux du prince de Waldeck.
Le
21 octobre, le reste de
l'armée (25 bataillons, 114 escadrons, 2
régiments de hussards et 2.000
Croates) se mit en marche pour se rendre sur
cinq colonnes en Bavière et dans
le Haut-Palatinat et alla prendre ses
quartiers d'hiver à côté du corps du
feld-maréchal-lieutenant Bârnklau. Au même
moment (27-28 octobre) la division
Damnitz venait s'établir dans le Brisgau et
la division Platz dans les villes
forestières.
A
la fin de novembre, toutes
les troupes autrichiennes étaient entrées
dans leurs quartiers d'hiver.
Louis
XV confirma le maréchal de
Noailles à son commandement et l'autorisait
à revenir à la Cour lorsqu'il
aurait réglé toutes les questions
intéressant son armée et établi ses corps
dans leurs quartiers d'hiver. Dans
l'intervalle,
Noailles avait envoyé à Maurice de Saxe
posté sur la Lauter un
renfort de 8 bataillons et de 14 escadrons.
Mais, à la nouvelle de la retraite
de l'armée de la Pragmatique et pendant
qu'on continuait à travailler aux
lignes de la Lauter, à la mise en état de
défense de Drusenheim, de Fort-Louis
et de Lauterbourg, le maréchal, quoique
obligé par ordre de sa Cour à maintenir
une partie de ses troupes sur la Lauter
jusqu'à leur relèvement par le maréchal
de Coigny, avait pris sur lui de les
cantonner le long de cette rivière.
Les troupes
aux environs de Neuf et Vieux Brisach
Le
15 octobre, malgré les
inquiétudes du maréchal de Coigny qui
ignorait encore les mesures prises par
Charles de Lorraine, l'armée du maréchal de
Noailles commença sa marche vers
ses quartiers d'hiver. Le 20 octobre, à
l'exception de 3 bataillons et de 3
escadrons
envoyés à Landau, et des 9 bataillons et 11
escadrons que Coigny devait relever
sur la Lauter, toute l'armée de Noailles
était en mouvement vers la Lorraine,
les Trois-Évêchés et la Flandre.
Le
23 octobre, Coigny, qui
avait progressivement diminué le nombre de
ses postes le long du Rhin, reçut de
Louis XV l'ordre de tout préparer en vue du
siège de Fribourg, opération par
laquelle le roi se proposait d'ouvrir en
personne la prochaine campagne.
Coigny,
qui avait d'abord eu
l'idée de passer le Rhin et de s'emparer de
Vieux-Brisach, renonça à ce projet
dès qu'il eut connaissance des forces que
les Autrichiens avait laissées sur la
rive droite et se contenta d'établir, à
l'aide de l'équipage de pont rassemblé
à Strasbourg, un pont à Huningue, pont qui,
commencé le 11 novembre, fut achevé
le 7 décembre.
Entre
temps, à la suite d'une
conférence que Noailles et Coigny avaient
eue à Obersaasheim le 23 et le 24
octobre, le roi avait approuvé les
propositions des deux maréchaux et consenti
à
rédiger de nouvelles instructions.
L'armée
du maréchal de Coigny
prit en conséquence ses quartiers d'hiver en
Alsace et se renforça des corps de
l'armée de Noailles postés sur la haute
Sarre. D'autre part, dès le 24 octobre,
Coigny avait mis en marche 11 bataillons et
12 escadrons chargés de relever les
troupes que Maurice de Saxe avait laissées
dans la Basse-Alsace.
Le
26 octobre le maréchal de
Coigny installe son quartier général à
Neuf-Brisach.
Préparation des armées
Pendant
tout le cours de l'hiver
1743-1744, la cour de Vienne ne cessa de se
préoccuper de l'établissement du
plan de la prochaine campagne et de
l'exécution des mesures qui devaient en
assurer
le succès.
Charles
de Lorraine se
prononça en faveur de la constitution d'une
armée de 50 000 à 60 000 hommes et
de deux corps d'observation en réserve.
D'après lui, la grande armée
autrichienne devait, après avoir opéré sa
jonction avec l'armée de la Pragmatique
dans les Pays-Bas, prendre immédiatement
l'offensive et partir des Flandres pour
entrer en France, éloigner le théâtre de la
guerre des provinces allemandes de
l'Autriche, obliger les Français à tenir
toutes leurs forces sur leurs
frontières menacées.
Au
commencement de février arrivaient
de Paris des nouvelles qui ne manquaient pas
de gravité et qui confirmaient les
renseignements des émissaires envoyés en
Alsace et les rapports du commandant
de Fribourg, le feld-maréchal lieutenant
Damnitz, qui affirmait que l'armée du
maréchal de Coigny se préparait à prendre
incessamment l'offensive et à
pénétrer dans le Brisgau. On avait aussitôt
donné au général de cavalerie baron
von Berlichingen, qui commandait les troupes
de première ligne, l'ordre de
s'opposer à la réalisation de ce projet et
l'autorisation de se faire, en cas
de danger imminent, soutenir par les troupes
du général de cavalerie hongrois,
le comte Batthyany, cantonnées en Bavière et
dans le Haut-Palatinat.
Maîtres
des deux ponts existant
à Huningue, les Français pouvaient, d'après
lui, à l'aide d'un troisième pont
qu'ils se proposaient de jeter à hauteur de
Vieux-Brisach, déboucher en
vingt-quatre heures sur la rive droite du
Rhin, alors qu'il lui faudrait à von
Berlichingen six à sept jours au moins pour
concentrer ses troupes. Il faisait
valoir de plus que, obligé de mettre au
moins 8 000 hommes à Fribourg, il lui
serait impossible de s'opposer au passage du
Rhin par les Français et qu'il ne
répondait même pas de pouvoir tenir assez
longtemps les défilés de la montagne
pour donner aux renforts venant de Bavière
le temps de le rejoindre. Il
ajoutait enfin qu'il n'avait pas d'argent et
que ses troupes souffraient de la
pénurie des vivres.
C'était
plus qu'il n'en
fallait pour qu'on se décidât de donner la
préférence à la concentration de
l'armée autrichienne sur le Haut-Rhin.
C'était d'ailleurs là le projet que
Marie-Thérèse avait accepté déjà en 1743,
parce qu'elle rêvait la conquête de l'Alsace
au profit de l'empire et la reprise de la
Lorraine qui aurait fait retour à sa
Maison.
Le
22 janvier, tout était
définitivement décidé. L'armée autrichienne
allait recevoir l'ordre d'opérer en
Alsace, pendant que l'armée de la
Pragmatique exécuterait en sa faveur une
vigoureuse diversion en Flandre. L'armée
d'opérations en Alsace devait se
composer des troupes de Berlichingen et de
celles cantonnées en Bavière et
entrer en ligne avec 46 000 hommes, 18 000
chevaux et 92 bouches à feu. Un
corps d'observation, dépendant de l'armée
d'Alsace et placé sous les ordres de
Batthyany, se réunirait et resterait en
Bavière pour garder les provinces
conquises et se trouver sous la main, en cas
de reprise des hostilités avec la
Prusse. La grande armée sous les ordres du
prince Charles et du Feld-maréchal
comte de Traun, devait être concentrée au
commencement de mai sur le Neckar à
Neckar-Ulm, Heilbronn et Lauffen, passer le
Rhin et conquérir l'Alsace et la
Lorraine.
Le 15 mars 1744, Louis XV
déclare officiellement la guerre au
Royaume-Uni et à l'Autriche.
Après
l'entrée en guerre officielle de la
Grande-Bretagne, la guerre se porte dans
les Pays-Bas autrichiens, pays sous
administration directe des Habsbourg.
Épargnés dans un premier temps par la
guerre de succession d'Autriche, les
Pays-Bas autrichiens sont donc contraints
d'entrer dans la lutte le 26 avril 1744,
après la déclaration de guerre de la
France à l'Autriche datant du 15 mars 1744
(consécutivement au traité défensif
de Worms).
La
frontière est franchie fin mai 1744 ;
les
places de la barrière, mal entretenue et
faiblement défendues, résistent peu de
temps.
L'armée
française, sous les ordres du maréchal de
Noailles, envahit ces provinces. Plusieurs
villes tombent, et par une habile
combinaison de coups de main et de
pressions exercées par des troupes
légères,
Maurice de Saxe parvient à bloquer l'armée
adverse pour le reste de la
campagne. L’invasion des Pays-Bas
autrichiens se poursuit, et l'armée
française
remporte victoire sur victoire.
L'armée
française - 120 000 hommes
placés
sous le commandement de Maurice de Nassau
- conquiert l'ensemble du territoire
de ses ennemis au bout de trois campagnes
successives, Gueldre
(Provinces-Unies) et Luxembourg excepté.
En
Flandre, quatre villes succombent
rapidement :
Menin (7 juin), le fort de La Knocke
(Knocke), Furnes et Ypres (29 juin). Le 17
mai 1744, Courtrai est prise
par les troupes françaises, villes qui
furent mal défendues par les garnisons
alliées, l'armée alliée moins nombreuse se
contenta de couvrir Gand, Anvers et
Bruxelles, tandis qu'une diversion de
Charles de Lorraine en direction de
l'Alsace empêcha le roi de France de
poursuivre dans l'immédiat son
invasion des Pays-Bas. Les opérations ne
reprirent qu'au printemps, par le
siège de Tournai.
Les opérations le long du Rhin
Le
1er août 1744,
l’armée autrichienne, sous les ordres du
prince Charles, se met en route en
direction du Haut-Rhin.
Le
5 août, 200 soldats croates
et hongrois, les Pandours, franchissent le
Rhin en aval de Vieux-Brisach sous
les ordres du baron Trenck, qui restera
tristement célèbre pour ses terribles
exactions.
Dans
la nuit du 13 au 14 août,
les hommes de Trenck récidivent en amont du
Fort-Mortier.
Le
19
août, l'armée autrichienne forte de 50
bataillons, 46 compagnies de grenadiers
à pied, 138 escadrons, 23 compagnies de
grenadiers et de carabiniers à cheval
et 6 régiments de hussards, représentant
un effectif de 21 000 fantassins et de
17 000 cavaliers, était établie dans un
camp entre Vieux-Brisach et Munzingen,
où le prince mettait son quartier général.
Le
2 août,
Noailles, avait envoyé à Maurice de Saxe
l'ordre de surveiller le secteur
Strasbourg-Fort-Louis. Il atteignit
Schiltigheim
le 5. Entre temps, Noailles informé de la
marche du prince Charles
sur Vieux-Brisach, des préparatifs qu'il y
faisait pour pénétrer dans la
Haute-Alsace, modifia les ordres donnés à
Maurice de
Saxe
et
lui prescrivit de suivre sur la rive
gauche les mouvements de l'armée
autrichienne et de s'opposer à son
passage.
Parti
le 8
au matin de Schiltigheim, arrivé le 10 à
Marckolsheim, où il s'arrêta pendant
trois jours, le 14 à Neuf Brisach et le 15
à Heiteren, le comte de Saxe
organisa un réseau serré de surveillance
de Lauterbourg jusqu'à Huningue, fit
occuper par des paysans armés les
soixante-seize redoutes élevées sur cette
ligne,
régla le service de ses patrouilles et fit
ouvrir des voies de communication
entre les cantonnements et les principaux
postes.
Noailles
résolut
de concentrer son armée sur la Lauter d'où
il pouvait, soit participer à
la défense de la Basse-Alsace, soit se
diriger vers la Sarre ou la
Haute-Alsace.
Vers
le 11
août, sur les rapports de Maurice de Saxe,
lui signalant l'imminence d'une
tentative sérieuse de passage du Rhin par
le prince Charles, il avait dirigé vers
la Haute-Alsace 15 bataillons et 8
escadrons. Le 15 août, il mettait son
quartier
général à Wissembourg.
Le
20
août, son armée forte de 52 bataillons, 97
escadrons, couverte par Bercheny
laissé vers Spire et appuyée sur une
réserve postée à Haguenau, s'établissait
sur deux lignes, la première tenant la
ligne Germersheim-Landau, la deuxième
postée sur la Lauter. Noailles se
proposait, dans le cas où le prince
Charles
aurait réussi à passer le Rhin, de se
porter sur la Haute-Alsace avec le gros
de ses forces, d'y opérer sa jonction avec
Maurice de Saxe et de rejeter de
concert avec lui les Autrichiens de
l'autre côté du fleuve, pendant que le
groupe laissé sur la Lauter couvrirait la
Basse-Alsace.
A
Versailles, on était désormais convaincu
qu'il importait de confier à un
générai en chef la direction des
opérations sur le Rhin. Au lieu de
confirmer à
la tête de l'armée d'Alsace l'officier
général Maurice de Saxe, dont le
maréchal de Noailles avait su apprécier
les talents, l'énergie, l'autorité, mais
qui en sa qualité de protestant et
d'étranger était peu goûté à la cour, on
préféra faire choix du vieux maréchal de
Coigny.
Le
24 au
soir, après avoir conféré le matin avec
Noailles à Wissembourg, le maréchal de
Coigny arrivait à Strasbourg, d'où il
partit le 29 pour se rendre dans le
Haut-Rhin.
Entre
temps,
le prince Charles s'occupa des préparatifs
du passage du Rhin et, après
une reconnaissance exécutée le 45 et le 16
août en compagnie du feld-maréchal comte
Khevenhüller, il résolut de forcer le
passage simultanément à Vieux-Brisach et
à Rheinweiler. On procéda immédiatement à
la réfection des routes entre
Fribourg-en-Brisgau et Vieux-Brisach, aux
premiers travaux d'établissement du
pont qui nécessitait l'emploi de vingt
pontons, à l'expédition du matériel et
de l'artillerie de gros calibre qu'on fit
venir de Fribourg sur Vieux-Brisach.
Mais
on
risquait de manquer de vivres. Le prince
Charles avait en même temps lancé une
proclamation aux autorités alsaciennes,
leur enjoignant de se soumettre à la
domination autrichienne et de fournir à
son armée les subsistances qu'il leur
réclamerait, si elles ne voulaient pas
s'exposer aux représailles les plus
terribles.
Le
26
août, le prince Charles poussa Nadasdy
avec 2 régiments de hussards et 500
Croates sur Eimeldingen, et le lendemain,
le général de cavalerie baron
Berlichingen avec 3 régiments de
cavalerie, 200 Croates et 4 canons sur
Sponech, et le général Trips avec 2
régiments de hussards sur Ichtingen en
remontant le Rhin.
Le
28, la
deuxième ligne de l'armée, sous les ordres
du prince de Waldeck, vint en remontant
le Rhin s'établir avec 70 pièces de canon
au sud de Neuenburg et à
Kaltenherberg, avec la mission d'établir
des batteries à Bamlach et à
Rheinweiler.
Cependant,
Trenck
tentait avec ses Pandours deux coups de
main sur la rive gauche du Rhin.
La première fois, il réussit à enlever
quelques hommes et quelques voitures
d'un convoi près de Biesheim; mais la
deuxième fois, il eut grand-peine à se
tirer
d'une embuscade dans laquelle il était
tombé.
Maurice
de
Saxe se transporta dans un nouveau camp
qu'il établit, le 26 août, à
Ottmarsheim, où le maréchal de Coigny le
rejoignit dans la nuit du 29 au 30. Son
armée, sans y comprendre la garnison de
Fort-Louis, qui faisait partie de
l'armée de Noailles, se composait de 51
bataillons, 98 escadrons et 1 bataillon
d'artillerie, répartis comme suit : 21
bataillons et 33 escadrons formant la
réserve générale entre Banzenheim et
Ottmarsheim, 27 bataillons et 62
escadrons, renforcés un peu plus tard par
3 bataillons de milices, le long du
Rhin, entre Huningue et Rheinau, 3
bataillons, 3 escadrons, 1 bataillon
d'artillerie et 3 de milices, à
Strasbourg.
Le
2
septembre, le prince Charles pris ses
dispositions pour le passage du Rhin, à
la tête de 27 bataillons, 60 escadrons, 24
compagnies de grenadiers à pied et
de la réserve d'artillerie réunies entre
Hartheim et Oberrimsingen, des
Pandours de Trenck et d'une partie des
Croates de Minsky réunis à Vieux-Brisach.
En
même
temps, le prince de Waldeck avait reçu
l'ordre de passer le fleuve à
Rheinweiler avec 11 bataillons, 30
escadrons et 26 bouches à feu. Il avait, à
cet effet, réuni son matériel de pont dans
les bras morts du Rhin.
Le
général
de cavalerie comte Hohenems avait pour
mission spéciale de surveiller, avec 12
bataillons, 30 escadrons et 44 canons, le
gros des troupes françaises
rassemblées à Banzenheim, et de passer
ensuite sur la rive gauche soit à
Vieux-Brisach, soit à Rheinweiler.
Enfin,
pour
maintenir les communications entre
Vieux-Brisach et Neuenburg, on avait
établi Palffy avec 9 compagnies de
grenadiers à cheval et 14 de carabiniers à
Hartheim. et Ghilanyi avec 2 régiments de
hussards à Grissheim et Zienken.
Dans
l'après-midi
du 3 septembre, la première ligne et la
réserve d'artillerie se
portèrent sur Vieux-Brisach et
s'établirent entre Hochstetten et
Ihringen.
Vers
le
soir, les grenadiers à pied, les Pandours
et les Croates prirent position au
sud de Vieux-Brisach, en vue du passage
qui devait s'exécuter d'abord jusqu'à
l'île Rheinach et sur Heiteren.
Les environs de Vieux-Brisach et l’emplacement des Iles de
Rheinach en 1743
Au
même moment,
les batteries de l'Eckers-Berg et du
bastion n° 22 ouvrirent le feu contre le
fort Mortier et les retranchements
français de l'île Rheinach.
A
10
heures du soir, les Pandours et les
Croates de Trenck prenaient assez
facilement pied dans l'île Rheinach; mais
ils échouèrent dans leur attaque contre
la tête de pont qui couvrait le
Geiswasser. A 11 heures, les grenadiers
vinrent
rejoindre Trenck dans l'île Rheinach et,
sans plus se préoccuper de la redoute
française, on commença les travaux
d'établissement du pont.
Entre
temps,
le commandant de ce secteur, le maréchal
de camp de Brun, avait réuni
les 5 bataillons et les 15 escadrons
cantonnés à Volgelsheim, Obersaasheim et
Heiteren, et s'était porté avec ses
troupes jusqu'à la tête de pont.
De
son côté,
Coigny avait, à la première nouvelle des
tentatives des Autrichiens, envoyé à
Obersaasheim 5 bataillons qui, entrant en
ligne le 4 au matin, firent échouer
tous les efforts faits par les Croates
pour passer le Geiswasser, long d’un
bras étroit, mais rapide et profond, du
Rhin qui sépare l'île Rheinach de la
rive française.
Les
Autrichiens
avaient, d'autre part, rencontré des
difficultés inattendues dans
l'établissement du pont, qui ne fut achevé
que dans l'après-midi du 4
septembre, et ils avaient dû transporter
en bateau dans l'île 12 bataillons
d'infanterie qu'on avait espéré faire
passer sur le pont.
La
démonstration
faite par Berlichingen à Burkheim n'avait
pas eu plus de succès
et avait été éventée et déjouée par les
batteries que Clermont-Gallerande avait
eu le soin d'établir.
Quant
à la
tentative du prince de Waldeck, elle avait
entièrement échoué devant le feu
meurtrier que les batteries françaises de
Rheinweiler et de Bamlach dirigèrent
contre lui dans l'après-midi du 3.
Le
4 au
matin, Waldeck, malgré un épais
brouillard, n'en embarqua pas moins, sur
trente-deux bateaux, 2 compagnies de
grenadiers et 400 Croates. Une partie de
ces bateaux, perdant la direction et
entraînés par le courant, vinrent
s'échouer sur un banc de sable au sud de
Rheinweiler et ne purent être ramenés sur
la rive droite qu'à la fin de l'action.
Les
troupes
autrichiennes embarquées sur les autres
bateaux essayèrent vainement
d'enlever les redoutes. Écrasés par les
renforts amenés par le lieutenant
général de Balincourt, les Autrichiens qui
restaient encore debout durent ou se
jeter dans le Rhin, où ils se noyèrent, ou
déposer les armes. Un deuxième échelon
ne parvint pas non plus à débarquer et dut
se replier après avoir perdu sept de
ses bateaux, coulés par les projectiles
des batteries françaises.
Cette
tentative
avait coûté aux Autrichiens 100 hommes,
tués ou blessés, et plus de
400 prisonniers.
L'échec
essuyé
par Waldeck à Rheinweiler permit à Coigny
de se porter, avec les 16
bataillons et les 33 bataillons de sa
réserve établis entre Ottmarsheim et
Banzenheim, sur Obersaasheim, où il arriva
le 4 septembre, une heure avant
l'achèvement du pont que construisaient
les Autrichiens et à temps pour compléter
les mesures prises par de Brun.
En
présence
des forces considérables réunies par le
prince Charles de Lorraine et
soutenues par la puissante artillerie dont
étaient armés les remparts de
Vieux-Brisach, Coigny, qui avait eu
d'abord l'intention de se servir du pont
qu'il avait encore en son pouvoir et qui
faisait communiquer la rive gauche
avec l'île de Rheinach, afin de rejeter
les Autrichiens sur l'autre rive, renonça
à ce projet. Pensant avec juste raison
qu'il importait surtout pour lui de se
ménager la possibilité de disposer de
cette réserve, dont la présence pouvait
lui être utile ailleurs et qu'il aurait dû
immobiliser tant que les Autrichiens
restaient maîtres de l'île et du pont qui
y conduisait, il jugea plus sage de
se contenter de détruire le pont.
Le
prince
Charles, de son côté, renonça à essayer de
prendre pied sur la rive gauche;
mais, afin de s'assurer la possession de
l'ile de Rheinach, il y fit élever,
pendant les journées des 4 et 5 septembre,
une batterie de 10 pièces à
l'extrémité sud de l'île et une solide
tête de pont.
De
son
côté, Coigny renforça de plusieurs
batteries les retranchements existant déjà
sur la rive gauche de Geisswasser, qu'il
arma avec des mortiers de 100 livres
et des pièces de gros calibre tirées de
Neuf-Brisach et fit préparer les moyens
de destruction du pont autrichien.
Le
10
septembre, ces travaux étaient achevés, et
les Français ouvrirent contre le
pont un feu tellement bien dirigé qu'on
réussit à couler cinq pontons que les
Autrichiens remplacèrent à plusieurs
reprises.
Vers
minuit,
les Français se résignant à laisser
momentanément l'île de Rheinach
entre les mains des Autrichiens, cessèrent
le feu, dont la continuation aurait
été d'autant plus inutile que, en présence
des forces réunies sur la rive
gauche et de la solidité des
retranchements, il était impossible
d'admettre que
le prince Charles aurait l'audace et
l'imprudence de renouveler son attaque.
Le
général
autrichien chercha, en effet, d'autres
points de passage, et, le 12 septembre,
il ramena sur la rive droite toutes les
troupes qu'il avait jetées dans l'île
Rheinach
à l'exception de 3 bataillons
d'infanterie, de 6 compagnies de
grenadiers, des Croates
et des Pandours.
Le conflit se porte dans le nord de la France…
En
1745,
alors que l'armée principale sous Noailles
investit Tournai, une armée de
secours anglo-austro-néerlandaise, sous
les ordres du duc de Cumberland, se
porte à la rencontre de l'armée du
maréchal de Saxe, qui a franchi l'Escaut
pour couvrir le siège. La rencontre des
deux armées amène à la bataille de
Fontenoy, et voit les Français sortir
victorieux de l'affrontement. Outre la
portée stratégique de la bataille, le
symbole de la victoire en présence du Roi
Louis XV ainsi que de son fils illumine
cette campagne de 1745 pour les
Français.
Au
printemps
de l'année 1745, l'effort se porte sur
Tournai qui est investie à la
fin avril. Le 11 mai 1745, alors qu'elles
tentaient de desserrer
l'encerclement, les forces
anglo-hollandaises dirigées par le duc de
Cumberland
sont écrasées à la bataille de Fontenoy, à
l'est d'Antoing. La cité scaldienne
succombe
finalement le 22 mai.
L'attaque
peut
continuer vers Gand (15 juillet),
Audenarde (21 juillet), Ostende (24
août) et Nieuport (6 septembre). Le 9
juillet 1745 marque la victoire des
troupes françaises sous le commandement du
lieutenant général de Langlade à la
bataille de Melle pour commencer
l'encerclement de Gand.
Le
dernier
affrontement de cette année de campagne,
la prise d'Ath, se déroule le 8
octobre 1745.
Début
1746,
sans tarder, les opérations militaires
reprennent en Brabant :
Bruxelles (22 février 1746), Malines et
Anvers tombent successivement.
Puis
pratiquement,
sans coup férir, les troupes repassent en
Hainaut. En juillet,
c'est au tour de Mons (le 11 juillet
1746), Saint-Ghislain et Charleroi de
succomber.
Sans
cesser,
l'action se poursuit alors en direction de
Namur (prise le 30 septembre
1746), puis vers Rocourt, au Nord-Ouest de
Liège. Le 11 octobre 1746 l'armée
autrichienne, commandée par
Charles-Alexandre de Lorraine, est défaite
lors de
la bataille de Rocourt. La porte des
Provinces-Unies est entrouverte, les
troupes y pénétreront en 1747.
Le
2
juillet 1748 victoire du Maréchal de Saxe
à la bataille de Lauffeld près de
Tongres.
La
menace
pesant sur les Provinces-Unies se
concrétise lorsque tombent Berg-op-Zoom le
18
septembre 1747 et Maastricht le 7 mai
1747.
La
fin de
la guerre vue du front de l'ouest
Les
forces
coalisées ont perdu sur ce front, les
Français ont fait une démonstration de
force, mais les conquêtes sont en
intégralité rendues par Louis XV lors du
traité de paix d'Aix-la-Chapelle.
On
ne
s'explique plus guère, à l'heure actuelle,
pourquoi la France de Louis XV,
ayant accumulé les victoires sur le
territoire des Pays-Bas et des
Provinces-unies et étant responsable de
l'invasion a capitulé totalement devant
les prétentions autrichiennes sur les
Pays-Bas. On connaît assez les
prétentions séculaires des différents
souverains français de Louis XI à Louis
XIV sur le territoire de la Bourgogne et
successivement du cercle de Bourgogne,
prétentions féodales-suzeraines et
souveraines sur une partie de ce
territoire
(Flandres) ... et les arrêts du conseil
d’État, sur ces différentes matières...
La diplomatie et les prétentions
territoriales immémoriales sont souvent
des
matières très complexes, qu'on n'entend
plus guère de nos jours. Il est vrai
qu'une des parties au contrat est un état
moderne issu de la Réforme : les
Provinces-Unies.
Le
calendrier politique suffit-il à expliquer
la situation à l'arrière du front , en
octobre 1746 commencent les négociations
de Paix de Breda,
janvier
1747 voit la chute du ministère
d'Argenson, et le mois de mai, une
révolution
orangiste dans les Provinces-Unies
restaurant provisoirement Guillaume IV
d'Orange-Nassau comme stadthouder
héréditaire, en juin et novembre 1747, la
signature de deux traités anglo-russes
prévoyant le déploiement de troupes
russes supplémentaires...
C'est
aussi
le début de défaites sur le front italien.
Signalons néanmoins que la
prise de Maastricht aura lieu en mai 48,
alors que les négociations du traité
d'Aix-La-Chapelle ont commencé depuis plus
de deux mois.
Les
auteurs
semblent donc unanimes pour affirmer que,
bien que la victoire de
Berg-op-Zoom (16 septembre 1747), et la
prise de Maastricht (6 mai 1748)
donnait à la France une position
avantageuse qui menaçait les
Provinces-Unies,
elle se décida à négocier.
Le
30
avril 1748, les préliminaires furent
signés avec l'Angleterre. Ils furent
acceptés par l'Autriche et l'Espagne en
mai. Lors de la signature de la paix à
Aix-La -Chapelle (28 octobre-20 novembre
1748), la France abandonnait ses
conquêtes ...
La
guerre se termine bien pour
le roi de Prusse qui agrandit ses domaines
et pour Marie-Thérèse qui fait
reconnaître l'élection de son mari François
de Lorraine (qui descendait en
droite ligne des anciens ducs d'Alsace,
famille de sainte Odile) comme empereur
germanique.
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