Sources :

Ø  Extrait des travaux du major Z. - Le Journal des Sciences Militaires – Revue militaire française – 83è année – 1907 - Imprimerie et librairie militaires – R. Chapelot & Ve – 30 passage Dauphiné à Paris
Ø  Bibliothèque Nationale de France – gallica.bnf.fr
Ø  Wikipedia.org
Ø  Herodote.net
Ø  Encyclopaedia Universalis
Ø  Encyclopédie Larousse
 

LA GUERRE DE SUCCESSION D’AUTRICHE  1740 – 1748

 (EPISODES DANS LES ENVIRONS D'OBERSAASHEIM CITES DANS LES TEXTES)

RESUME HISTORIQUE

Le 20 octobre 1740, l'empereur romain germanique de la maison de Habsbourg, Charles VI meurt. Conformément à la Pragmatique Sanction de 1713 ratifiée par l'ensemble des États européens, sa fille aînée, Marie-Thérèse d'Autriche, lui succède dans ses États patrimoniaux. Une femme ne pouvant régner sur l'Empire, Marie-Thérèse pense pouvoir faire élire son mari François de Lorraine à la tête de l'Empire.

Âgée de seulement 23 ans, et étant de plus une femme, elle est considérée comme un souverain politiquement faible. En effet, d'autres princes, qui lui sont apparentés, aspirent à la remplacer sur le trône autrichien ou du moins à s'emparer des possessions patrimoniales de la jeune princesse, tel Charles-Albert, électeur de Bavière ou Frédéric-Auguste II, électeur de Saxe et Roi de Pologne.

L'entrée en guerre de la Prusse

Cependant, c'est un souverain monté tout récemment sur le trône, que Marie-Thérèse considère comme son allié le plus fidèle qui met le feu aux poudres : Frédéric II, tout nouveau roi de Prusse, son père le « Roi-Sergent » est mort le 31 mai 1740, qui, ayant demandé en vain la Silésie, riche et peuplée d'un million d'habitants, pour prix de son vote à l'élection impériale, fait envahir sans déclaration de guerre préalable, la région convoitée dès décembre 1740.

Marie-Thérèse compte alors sur George II de Grande-Bretagne - également électeur de Hanovre - pour intervenir, mais le Premier ministre britannique Walpole refuse d'entraîner son pays dans le conflit.

Très vite, le 16 décembre, Frédéric II remporte ses premières victoires avec une armée petite mais très bien entraînée et équipée de fusils modernes, permettant à l'infanterie de tirer cinq coups quand ses adversaires en tirent trois. Il prend les forteresses de Głogów, Brzeg et Neisse et hiverne, ayant envahi la Silésie, ce qui lui permet de doubler sa population, avec une grande industrie.

L'entrée en guerre de la France

La France avait accepté à demi-mots la Pragmatique Sanction en 1738, pour autant qu'elle ne lésât pas les intérêts des tiers. En l'espèce, elle lèse ceux de Charles-Albert, du moins le prince bavarois peut-il le prétendre. Dans l'opinion, après la mort de Charles VI, un fort courant se dessine pour affaiblir l'ennemi traditionnel Habsbourg. Le comte de Belle-Isle, petit-fils du surintendant Fouquet et gouverneur des Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun), de la Lorraine et du Barrois, régions frontalières, se fait le champion de cette position, contre celle plus pacifiste du cardinal de Fleury.

Louis XV cède finalement au parti belliciste : la France soutiendra les prétentions de l'Électeur de Bavière, ne laissant à Marie-Thérèse que son domaine héréditaire. Le 11 décembre 1740, il envoie Belle-Isle, à qui il vient de remettre son bâton de maréchal, assisté comme son ambassadeur à l'élection du Bavarois à Francfort.

Le 5 juin 1741, Frédéric II signe un traité d'alliance avec le maréchal de Belle-Isle. Par ce traité, la France s'engage à soutenir militairement l'Électeur de Bavière, et à reconnaître les conquêtes prussiennes en Silésie. En contrepartie, Frédéric ne consent que des promesses.

Les autres alliés de la Prusse, hormis la France, sont l'Espagne et la Bavière ; d'autres alliés les ont rejoints plus ou moins constamment.

La cause autrichienne est soutenue par la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies, traditionnels opposants à l'hégémonie de la France. De leurs alliés temporaires il faut retenir le royaume de Sardaigne et le duché de Saxe.

Contre l'Autriche, deux fronts se dessinent, l'un prussien, rapidement gagné et entériné par le traité de paix de Breslau du 11 juin 1742, l'autre français, marqué par les victoires autrichiennes, sur son terrain, où personne ne perd.

En 1743, l'Autriche signe une alliance militaire, le traité de Worms.

Le front Prusse-Autriche

La Prusse, victorieuse, gagne des territoires sur l'Autriche. Prusse et Autriche signent alors une paix séparée : la Prusse cesse la guerre au mépris des conventions passées avec ses alliés, conserve les territoires conquis, et s'engage à respecter la Pragmatique Sanction de l'empereur Charles VI du Saint-Empire qui cède les trônes héréditaires des Habsbourg à sa fille Marie-Thérèse d'Autriche. Par cette paix séparée, la Prusse laisse la France seule dans l'embarras d'une guerre où elle avait été poussée par la Prusse.

Le front France-Autriche

La guerre se porte rapidement en Allemagne, où les Français s'engagent sous le commandement théorique des Bavarois. Maurice de Saxe s'empare de Prague le 26 novembre 1741. Mais Marie-Thérèse, disposant de la couronne de Hongrie, parvient à repousser par une « petite guerre », menée par des éléments Croates et Hongrois, les forces franco-bavaroises. Prague est reprise par les Autrichiens à l'issue d'un siège de 7 mois. L'armée française, dont les lignes de ravitaillement sont étendues, doit se retirer vers le Rhin

 

1743 Camp des troupes françaises en marche pour la Bohême entre Nuremberg et Erlastejen où elles ont passé Pâques

 

LA BATAILLE DE DETTINGEN

Les Bavarois (alliés de la France) avaient subi une défaite sévère près de Braunau le 9 mai 1743 et une armée alliée d'environ 50 000 hommes (Britanniques, Hanovriens et Autrichiens) dite pragmatique commandée par le roi George II et formée sur le Rhin inférieur après le retrait de Maillebois, s'avançait vers le sud dans le pays du Main et du Neckar.

Une armée française d'environ 70 000 soldats sous les ordres du maréchal de Noailles avait été rassemblée sur le cours moyen Rhin pour contrer cette nouvelle force. Mais le duc de Broglie était en pleine retraite, et les places fortes de Bavière capitulaient les unes après les autres devant le prince Charles. Les Français et les Bavarois étaient presque expulsés de la région du Rhin quand la bataille eut lieu.

Georges II, complètement dominé dans la manœuvre par des adversaires mieux aguerris, était en grand danger entre Aschaffenbourg et Hanau dans le défilé formé par les collines du Spessart et la rivière Main, n'ayant pas eu de ravitaillement notamment en pain depuis une semaine.

Noailles bloqua la sortie du défilé et disposa des postes tout autour. Une partie des troupes, commandées par le duc Louis de Gramont, traversa le Main devant le village de Dettingen. Les ordres étaient de rester sur une position défensive mais il attaqua. Repoussés, ses hommes cherchèrent à se replier sur les ponts mais certains de ceux-ci s'effondrèrent et les soldats furent noyés.

La compagnie des chevau-légers de la garde royale française y fut anéantie.

Plan de la bataille de Dettingen

L'honneur de la victoire alliée revint principalement à Léopold-Philippe d'Arenberg, qui fut blessé dans l’action. Georges II avait été témoin de sa bravoure, de l’habileté dont il avait fait preuve ; il voulut montrer combien il les appréciait : ayant quitté l’armée le 1er octobre, pour se rendre dans ses États de Hanovre, ce fut au duc d'Arenberg qu’il en remit le commandement. La campagne se termina bientôt après, et le duc, ayant fait repasser le Rhin à ses troupes, leur assigna des quartiers d’hiver.

À Dettingen en juin 1743, le roi de Grande-Bretagne se laisse prendre dans un piège par les Français. Mais, sachant que la bataille va reprendre le lendemain, l’armée britannique réussit à s’enfuir durant la nuit en abandonnant ses blessés et une partie de son artillerie sur le champ de bataille. C'est la dernière fois qu'un roi britannique commande sur un champ de bataille contre les Français. Toutefois, le roi Georges II réussit à présenter au peuple britannique, comme une grande victoire personnelle, l’échec de sa capture par les Français.

 

LA RETRAITE DES FRANÇAIS SUR LA RIVE GAUCHE DU RHIN

 

Marche de l'armée de la Pragmatique et dispositions définitives des Français.

Pendant que tous ces événements s'étaient passés sur le Main, le maréchal de Broglie, las et découragé, cédant tant à la pression de son armée démoralisée qu'aux rumeurs qui lui venaient de France, s'était replié sur Donauwörth, abandonnant la Bavière à ses propres forces, la livrant en réalité aux Autrichiens.

Le jour même de la bataille de Dettingen, Seckendoff avait signé, au couvent de Nieder-Schönenfeld, une convention par laquelle les Autrichiens consentaient à ne pas inquiéter les troupes impériales tant qu'elles occuperaient un territoire neutre de l'empire.

En même temps, malgré l'arrivée des renforts amenés par Ségur, et en dépit des ordres formels de Louis XV, Broglie quittait Donauwörth et mettait son armée en retraite vers le Rhin. Le mal était fait. La disgrâce dans laquelle tomba le maréchal de Broglie à la suite de cette retraite, à coup sûr prématurée, peut-être même inutile et en tout cas en contradiction directe avec les ordres de sa cour, était tout au plus une manifestation plus ou moins officielle du désappointement éprouvé par le roi, obligé désormais, en présence du changement absolu qui s'était opéré, à songer aux mesures indispensables à l'aide desquelles il s'agissait pour lui de protéger ses frontières de l'Est, menacées d'un côté par l'armée de la Pragmatique et, de l'autre, par la grande armée du prince Charles de Lorraine.

Le 30 juin au soir, Noailles avait eu un instant l'idée de se faire rejoindre au plus vite par un des corps de l'armée de Bavière, et d'attaquer et de battre l'armée de la Pragmatique avant l'entrée en action du prince Charles. L'arrivée de l'empereur Charles VII, le 28 juin, à Francfort, où chassé de ses États, il venait chercher un refuge, acheva de décider Noailles à ne plus songer qu'à opérer avec l'armée de Broglie une jonction grâce à laquelle il espérait empêcher celle des deux armées alliées.

La crainte de voir Charles VII signer en désespoir de cause la paix avec ses ennemis, avait décidé Noailles, qui ne se faisait aucune illusion sur la gravité croissante de jour en jour de sa situation, à promettre à ce pauvre empereur de se maintenir en Allemagne le plus longtemps possible.

S'attendant toutefois à voir l'armée de la Pragmatique sortir à bref délai de son inexplicable inaction, reprendre l'offensive et se porter au-delà du Main, le maréchal envoya dès le 4 juillet les 3 régiments de cavalerie qui venaient de le rejoindre à Pfungstadt. Le lendemain, sur certains indices qui lui faisaient croire à la probabilité d'une tentative de passage du Mein par George II. à hauteur de Fechenheim, il se hâta de faire occuper Bürgel par  e lieutenant général MontaI, à la tête d'une colonne forte de 15 bataillons, 22 escadrons et 20 canons.

Le même jour, le premier échelon de l'armée du maréchal de Broglie avait atteint le Neckar et s'était établi à Wimpfen. Le dernier échelon arrivé, Maurice de Saxe prit le commandement de cette armée désormais placée sous les ordres de Noailles. D'accord avec sa cour, Noailles avait espéré pouvoir constituer, à l'aide de la cavalerie et des quelques troupes de Broglie encore en état de tenir campagne, un corps qui, posté sur le Neckar, se serait tenu sur la défensive sur cette rivière, ou serait éventuellement venu le rejoindre et le renforcer, tandis qu'il aurait envoyé le reste de son armée en Alsace pour se refaire et assurer, avec le concours des paysans de cette province, la garde du Rhin.

L'état dans lequel les colonnes de Broglie, harcelées sans cesse pendant les derniers jours de leur retraite par les hussards de Nadasdy, étaient arrivées sur le Neckar, l'effet moral produit par le coup de main tenté dans la nuit du 5 au 6 juillet par le général Feldwachtmeister Esterhazy, qui enleva avec un convoi de 120 voitures la plus grande partie de son escorte forte de 2 compagnies de grenadiers, 50 fusiliers et 100 cavaliers, l'épuisement causé par des marches rendues plus pénibles encore par des pluies continuelles, détruisirent les dernières espérances de Noailles et lui démontrèrent l'impossibilité de continuer la lutte en territoire allemand.

Les nouvelles que lui firent tenir les résidents français de Stuttgard, Trêves et Cologne, lui signalant, à la date du 6 juillet, que les États-Généraux qui, cédant aux instances répétées de l'Autriche s'étaient décidés à porter vers le Rhin un corps auxiliaire de 14 bataillons et 22 escadrons, qui ne s'ébranla, il est vrai, que vers la fin de juillet, obligèrent Noailles, trop faible pour pouvoir faire face de tous côtés à la fois, à demander à Charles VII l'autorisation de se mettre en retraite vers le Rhin.

Devant la résistance de l'empereur, qui se refusait à admettre l'imminence du danger parce que la retraite de l'armée du maréchal lui faisait perdre son dernier appui, Noailles dut se borner à donner à Maurice de Saxe l'ordre de se replier sur Spire, en se servant du pont établi depuis longtemps en amont de cette ville, d'évacuer, le 9 juillet, sur des bateaux, son train, sa grosse artillerie et ses malades sur Mannheim et de diriger sur ce point, les 10 et 11 juillet, ses troupes auxquelles, grâce à la destruction des ponts du Neckar, il espérait pouvoir donner un peu de repos à Wimpfen.

Ce dernier espoir du maréchal fut encore déçu. Les hussards et les Croates, arrivés dans la nuit du 10 au 11 juillet sur la rive droite du Neckar, à Neckar-Ulm, dirigèrent un feu meurtrier sur le camp des deux brigades de cavalerie française établies à peu de distance de la rivière.

L'armée du Main était dès ce moment forcément obligée de suivre le mouvement rétrograde du corps de Maurice de Saxe. Noailles se rendit en personne à Francfort pour exposer lui-même la situation à Charles VII qui, malgré la réception d'un courrier de Maurice de Saxe apportant la nouvelle de la marche vers le Neckar du prince Charles de Lorraine, et de l'arrivée du gros de son armée, marchant sur trois colonnes, du 15 au 18 juillet, se refusa à croire à ce mouvement et à se rendre aux représentations de Noailles, jusqu'au moment où ces faits lui furent confirmés par un neveu de Seckendorffvenant de Donauwörth.

Le 10 juillet, Bercheny s'établit avec ses hussards et 12 compagnies de grenadiers en face de Hochst, avec ordre de surveiller le cours du Main en aval de Francfort, et de couvrir les flancs de l'armée pendant les premières marches. Deux régiments de dragons, sous les ordres du maréchal de camp d'Apcher, lui servaient de soutien à Neu-Isenburg, et le lendemain, le maréchal de camp du Mesnil, envoyé à Dieburg avec un gros détachement, y assura l'évacuation et le départ des magasins de vivres qu'on y avait établis.

Le 12, l'armée atteignit Sprendlingen, le 13, Grafenhausen. A partir de ce point Bercheny forma son arrière-garde. Le corps de Maurice de Saxe avait entre-temps continué sa retraite, mais non sans être si sérieusement inquiété par les hussards autrichiens qui atteignirent ses colonnes le 12 juillet entre Sinsheim et Wiesloch que son chef, au lieu de pouvoir passer le Rhin en échelons se suivant à un jour de marche, dut accélérer le mouvement de ses trois dernières divisions et que le général Feldwachtmeister Esterhazy put dès lors se tourner contre Noailles et pousser sur Wertheim. Afin d'empêcher les hussards de Nadasdy, qui avaient jusque-là poursuivi les régiments de Maurice de Saxe, de prévenir son armée au passage à hauteur de Rheindiirkheim, le maréchal envoya au comte de Saxe le 13 juillet l'ordre de faire occuper les passages du Neckar à Heidelberg par le lieutenant général de Phelippes à la tête de 40 compagnies de grenadiers, 400 cuirassiers et 800 dragons.

Le 13 juillet dans l'après-midi, le corps de Maurice de Saxe, entièrement démoralisé par la retraite, campait entre Spire et Otlerstadt sur la rive gauche du Rhin dont il occupait les ponts.

Le lendemain 14, pendant que Maurice, de Saxe faisait surveiller, par des détachements sous les ordres des lieutenants généraux Lutteaux, Conti et de Clermont-Tonnerre,la ligne du Rhin entre Mannheim, Spire et Lauterburg, Noailles était en marche sur Pfungstadt et continuait le lendemain sur Gross-Rohrheim.

Informé par du Mesnil posté à Zwingenberg et par Phelippes qui s'était replié sur Weinhem que les troupes légères et les hussards autrichiens s'étaient montrés en force tant à l'est de Zwingenberg qu'aux environs d'Heidelberg, Noailles prit immédiatement ses mesures pour passer le Rhin à Rheindürkheim.

Dès le 15, Bercheny occupa avec ses hussards Gernsheim et Jugenheim, et d'Apcher Habnlein avec ses 2 régiments de dragons. On détacha le duc de Chevreuse avec 3 régiments de dragons à Bernsheim, et Phelippes renforcé par 20 compagnies de grenadiers eut ordre de se porter de Weinheim sur Lorsch et d'occuper Klein-Hausen et Neuschloss.

L'armée du maréchal, couverte pendant la journée du 17 par 2 brigades postées à Hofheim, 2 à Nordheim, 1 à Waltenheim, 1 près de Biblis au pont de la Weschnitz, employa les journées des 16,17 et 18 juillet au passage du Rhin. Phelippes, établi avec ses troupes à Bürstadtet à Bolstadt, passa le Rhin dans la nuit du 17 au 18 et rejoignit l'armée au camp de Spire. Le 18, dans la matinée, au moment où l'on commençait à replier les ponts, les hussards autrichiens parurent sur la rive droite, mais ils ne purent toutefois empêcher les Français de continuer l'opération qui fut entièrement achevée le lendemain.

Les deux armées françaises réunies à l'ouest du Rhin dans le Palatinat étaient désormais en mesure de s'opposer, comme Noailles eut soin de le dire dans son mémoire du 11 juillet, aussi bien aux tentatives des Hollandais et de l'armée de la Pragmatique sur le pays Messin, qu'aux mouvements des Autrichiens sur l'Alsace et à une attaque qu'ils auraient voulu exécuter contre la ligne de la Lauter.

Arrêté par le manque d'argent et de vivres, le prince Charles de Lorraine avait dû se borner à faire suivre la retraite des Français par ses troupes légères et se résigner à maintenir le gros de son armée pendant dix jours sur le Lech. Il espérait, du reste que, pendant ce temps, l'armée de la Pragmatique profiterait de son succès pour prendre l'offensive et pousser au-delà du Main avant que les débris de l'armée du maréchal de Broglie aient pu atteindre la rive gauche du Rhin. Malgré les efforts de lord Stair, qui avait vainement essayé de décider son roi à s'avancer jusqu'au Neckar, George Il avait déclaré formellement qu'il n'entreprendrait rien avant l'entrée en ligne de l'armée du prince Charles, et il s'était en effet contenté de détacher sur Hochst 8 bataillons qui s'y retranchèrent.

Marie-Thérèse, instruite par l'expérience du passé, avait entre-temps chargé le Feld-maréchal-lieutenant comte Browne de se rendre auprès de George II, de le décider à prendre l'offensive et de combiner avec lui le plan ultérieur des opérations. Obligé de laisser 16 000 hommes avec le Feld-maréchal baron Barnklau en Bavière, afin de s'assurer la possession de ce pays et de se rendre maître d'Ingolstadt, le prince Charles ne disposait plus, au moment de commencer sa marche vers le Rhin, que de 45 000 combattants dont la moitié à peu près se composait de cavalerie. Encore faut-il ajouter que 7 000 cavaliers irréguliers figuraient dans ces chiffres.

Le mouvement commença le 6 juillet par la mise en route de 1 000 chevaux qui, formant l'avant-garde et placés sous les ordres du général Feldwachmeister Brettlach, passèrent le Lech à Rain. Le reste de l'armée, marchant sur trois colonnes, s'ébranla quarante-huit heures plus tard, passa le 9 et le 10 juillet le Danube à Blindheim et Dillingen, et arriva le 17 juillet sur les bords du Neckar, où elle s'arrêta pendant trois jours, qu'on employa à assurer les subsistances, et d'où l'on fit partir les cavaliers légers réclamés par George II et qui rejoignirent l'armée de la Pragmatique en passant par Miltenberg et Wôrth.

Presque au même moment, informé parle Feldmaréchallieutenant von Damnitz, qui commandait à Fribourg en Brisgau, des tentatives exécutées par les Français pour s'emparer de Vieux-Brisach, et du rassemblement fait par eux de tous les bateaux sur la rive gauche du Rhin, le prince Charles poussa Trenck et 500 Pandours sur le Brisgau, où ils arrivèrent le 31 juillet, et ordonna à Damnitz de préparer de gros approvisionnements pour son armée et de réunir, lui aussi, des bateaux et des radeaux.

Partie des bords du Neckar le 21 juillet, l'armée autrichienne arrivait quatre jours après sur la ligne Bruchsal-Durlach (où s'établit le quartier général) et Ettlingen. Elle avait atteint la frontière de la France, les bords du Rhin qu'observaient les hussards de Beleznay et de Karolyi, sous les ordres du général Foigach, du corps franc de hussards du colonel Menzel, le tout sous les ordres du feld-maréchal-lieutenant Baranyay  ses Croates. Les généaux Trips et Nadasdy se tenaient avec leurs hussards, le premier en face de Worms et Spire,le second à Schröck.

A la première nouvelle de l'approche du prince Charles, Gensac, qui commandait à Strasbourg, avait immédiatement, et dès le 15 juillet, pris toutes ses mesures pour surveiller et garder la ligne du Rhin jusqu'à Huningue, ramener sur la rive gauche près de 400 bateaux, mis un bataillon de milices dans l'île de Chalampé, fait occuper par sa cavalerie les principaux points de passage: Ottmarsheim, Rumersheim, Biesheim, Marckolsheim, Rhinau, réparé et remis en état les redoutes, les voies de communications, les ponts, etc.

Le jour même de son arrivée à Durlach, Charles de Lorraine était parti pour Hanau pour s'entendre avec George II. Il y arriva le 26.

Lors de la conférence qui eut lieu le lendemain 27, le prince Charles finit, après de longues discussions, par obtenir de George II son adhésion à un plan d'opérations d'après lequel les forces de la Coalition devaient agir contre la France en trois groupes séparés.

L'armée autrichienne, à laquelle on attribuait le rôle principal, la tâche la plus difficile, devait se porter sur le Haut Rhin, le passer, soit entre Huningue et Neuf-Brisach, soit entre ce point et Strasbourg, tomber sur les derrières des Français et les couper de la Haute-Alsace, de la Franche-Comté et de la Bourgogne.

L'armée de la Pragmatique, débouchant de Mayence pour s'avancer entre la Moselle et le Rhin, ne passerait le Rhin que lorsque le prince Charles et les Hollandais, venant de Trèves et destinés à entrer dans les Trois Evêchés, auraient commencé leurs opérations.

Lors de son arrivée sur le Rhin, le maréchal de Noailles avait  dans le principe pensé que le prince Charles n'enverrait qu'une assez faible partie de son armée vers le Haut-Rhin, qu'il opérerait lui-même à la tête de son gros sa jonction avec l'armée de la Pragmatique pour passer ensuite le fleuve avec elle en aval de Mayence. Il lui était en tout cas impossible de prévoir si l'armée ennemie prendrait de là sa direction vers la Moselle, vers la Sarre ou vers la Basse-Alsace. Cette dernière hypothèse lui semblait la plus probable par cela même que Landau était hors d'état de se défendre, qu'on n'avait rien fait pour les lignes de la Queich et de la Lauter, que les fortifications de Wissembourg, de Lauterhourg, de Fort-Louis, d'Haguenau tombaient presque en ruines, enfin parce que la supériorité numérique et morale des armées alliées leur permettait de bloquer et d'affamer Landau et de pousser, presque sans rencontrer d'obstacle sérieux sur leur route, jusque sous les murs de Strasbourg et de se répandre dans la Basse-Alsace.

Noailles prit par suite le parti de couvrir de son mieux le Haut-Rhin et la frontière de la Lorraine entre la Meuse et la Sarre, d'établir le gros de ses forces dans la Basse-Alsace, d'approvisionner sans perdre une minute Landau, Wissembourg, Lauterbourg, Fort-Louis, et de remettre en état les ouvrages établis antérieurement à Drusenheim et les redoutes élevées entre Strasbourg et Lauterbourg.

Dès le 20 juillet, il dirigeait à cet effet, du camp de Spire vers l'Alsace, où il n'y avait jusque-là que 15 bataillons de milices et quelques escadrons de nouvelle formation ou en train de se reconstituer, le lieutenant général comte de Clermont-Gallerande, avec 27 bataillons, 40 escadrons et 1 bataillon d'artillerie. Une partie de ces troupes devait être jetée dans les places, et le gros de la colonne avait ordre de s'établir sur la ligne Huningue-Rhinau, où elle prit position le 30 juillet.

Le 23 juillet, Maurice de Saxe, chargé de la défense de la Haute-Alsace, partait de Spire avec 22 bataillons, 38 escadrons et 2 compagnies franches et, marchant sur trois colonnes, arrivait le 31 à Schlestadt. La cavalerie de la Maison du roi allait en même temps s'établir entre Strasbourg et Phalsbourg, tandis que la gendarmerie, encore en route pour rejoindre, recevait du maréchal l'ordre de se cantonner à Ingweiler.

Noailles se replia le 20 juillet el vint camper entre Spire et Heiligenstadt. Il s'occupa sans plus tarder de déterminer la répartition des troupes placées sous ses ordres et qu'il divisa en trois groupes : l'un, fort de 14 bataillons et 15 escadrons, sous le lieutenant général comte de Bavière, vint camper à Germersheim, le deuxième, composé de 18 bataillons, 19 escadrons et 1 bataillon d'artillerie aux ordres du prince de Conti, s'établit à Landau, dont les ouvrages devaient être remis en état au plus vite, tandis qu'un troisième groupe de 15 bataillons et 16 escadrons était chargé de la garde et de la réfection des lignes de la Lauter et de l'établissement d'une double tête de pont à Lauterbourg.

Presque au même moment, le 29 juillet, il dirigeait sur les places de la Lorraine et du pays messin 19 bataillons, 10 escadrons et 1 bataillon d'artillerie, dont le rétablissement et la reconstitution devaient prendre plus de temps. Il postait à Bitche le duc de Bouftlers, avec 14 bataillons, et à Dietweiler le prince de Dombes qui, avec 15 escadrons de carabiniers, devait assurer les communications avec son armée.

Le lieutenant général d'Harcourt, remis de la blessure qu'il avait reçue à Dettingen, prit à ce moment le commandement de toutes les troupes des pays messins.

Il ne restait plus à Noailles, au camp de Spire, que 19 bataillons et 42 escadrons.

 

Plan des camps d'une partie de l'armée du Roy aux ordres de M. le Maréchal de Coigny et de celles des ennemis, campées en présence aux deux rives du Rhin, vis-à-vis l'Isle Reinach, 4 septembre 1743

 

LA CAMPAGNE D’ALSACE

Les quartiers d'hiver des armées.

Début octobre 1743, le prince Charles de Lorraine déclara qu'il ne restait plus qu'à raser Vieux-Brisach, à occuper fortement Fribourg et à mettre l'armée en quartiers d'hiver dans la Souabe autrichienne, en Bavière et dans le Haut-Palatinat. Il demanda  au roi de Grande-Bretagne George II de rester à Spire jusqu'au 20 octobre, afin de laisser aux Autrichiens le temps de détruire les ouvrages de Vieux-Brisach et de tout disposer pour la marche en retraite. Le roi ne voulut rien entendre. Son armée commença à se replier dès le 10 octobre.

Le 16, George II quitta son armée à Nierstein et retourna à Hanovre. Le 17, les Hollandais repassèrent le Rhin à Mayence, le 18, c'était le tour des Anglais suivis le lendemain par les Hanovriens et le surlendemain

par les Hessois et les Autrichiens. Les Hollandais prirent leurs quartiers à Charleroi, Mons, Saint-Ghislain, Ath, Oudenarde, Courtrai; les Anglais dans les Pays-Bas; les Hanovriens en Westphalie, à Cologne et dans le Brabant, et les Autrichiens qui, sur l'ordre du prince Charles durent rester à l'armée de la Pragmatique, dans le Luxembourg et les Pays-Bas. Les Hessois qui s'engageaient à rejoindre au printemps de 1744, rentrèrent dans leur pays.

 

Les fortifications de Vieux-Brisach commencées en 1722

 

A l'armée du prince Charles, on avait démoli et fait sauter entre temps les ouvrages de Vieux-Brisach, et le 12 octobre lorsque le lieutenant-colonel Pallavicini rapporta de Spire la nouvelle de la retraite de l'armée de la Pragmatique, Charles de Lorraine donna l'ordre d'accélérer le départ de ses troupes. Dans la nuit du14 au 15, on mit le feu aux redoutes élevées dans l'île de Rheinach et on profita de la nuit du 16 au 17 pour replier le pont.

Le 17, le prince de Waldeck, qui s'était réuni la veille à Neuenburg avec le comte de Hohenems, rentrait dans l'ancien camp de Munzingen. Le 18, les troupes venant de Sponech et de Saspach rétrogradaient sur Hochstetten. Le 19, toute l'armée était réunie à Munzingen.

On ne laissait en observation sur le Rhin que les Croates, les Pandours et une partie des hussards soutenus par une réserve de 2 régiments d'infanterie et de 2 de cavalerie (2 900 hommes et 1 300 chevaux), qui, sous les ordres du feld-maréchal-lieutenant prince de Saxe-Gotha, alla se cantonner dans la Souabe autrichienne, tandis que le gros du corps d'observation — 20 bataillons, 20 compagnies de grenadiers, 4 000 Croates, 2 régiments de dragons et 4 de hussards, soit environ 11 000 hommes et 4 200 chevaux— recevait l'ordre de se réunir provisoirement au camp de Hochstetten, sous les ordres du général de cavalerie Berlichingen et, jusqu'à son arrivée, sous ceux du prince de Waldeck.

Le 21 octobre, le reste de l'armée (25 bataillons, 114 escadrons, 2 régiments de hussards et 2.000 Croates) se mit en marche pour se rendre sur cinq colonnes en Bavière et dans le Haut-Palatinat et alla prendre ses quartiers d'hiver à côté du corps du feld-maréchal-lieutenant Bârnklau. Au même moment (27-28 octobre) la division Damnitz venait s'établir dans le Brisgau et la division Platz dans les villes forestières.

A la fin de novembre, toutes les troupes autrichiennes étaient entrées dans leurs quartiers d'hiver.

Louis XV confirma le maréchal de Noailles à son commandement et l'autorisait à revenir à la Cour lorsqu'il aurait réglé toutes les questions intéressant son armée et établi ses corps dans leurs quartiers d'hiver.  Dans l'intervalle, Noailles avait envoyé à Maurice de Saxe posté sur la Lauter un renfort de 8 bataillons et de 14 escadrons. Mais, à la nouvelle de la retraite de l'armée de la Pragmatique et pendant qu'on continuait à travailler aux lignes de la Lauter, à la mise en état de défense de Drusenheim, de Fort-Louis et de Lauterbourg, le maréchal, quoique obligé par ordre de sa Cour à maintenir une partie de ses troupes sur la Lauter jusqu'à leur relèvement par le maréchal de Coigny, avait pris sur lui de les cantonner le long de cette rivière.

 

Les troupes aux environs de Neuf et Vieux Brisach

 

Le 15 octobre, malgré les inquiétudes du maréchal de Coigny qui ignorait encore les mesures prises par Charles de Lorraine, l'armée du maréchal de Noailles commença sa marche vers ses quartiers d'hiver. Le 20 octobre, à l'exception de 3 bataillons et de 3 escadrons envoyés à Landau, et des 9 bataillons et 11 escadrons que Coigny devait relever sur la Lauter, toute l'armée de Noailles était en mouvement vers la Lorraine, les Trois-Évêchés et la Flandre.

Le 23 octobre, Coigny, qui avait progressivement diminué le nombre de ses postes le long du Rhin, reçut de Louis XV l'ordre de tout préparer en vue du siège de Fribourg, opération par laquelle le roi se proposait d'ouvrir en personne la prochaine campagne.

Coigny, qui avait d'abord eu l'idée de passer le Rhin et de s'emparer de Vieux-Brisach, renonça à ce projet dès qu'il eut connaissance des forces que les Autrichiens avait laissées sur la rive droite et se contenta d'établir, à l'aide de l'équipage de pont rassemblé à Strasbourg, un pont à Huningue, pont qui, commencé le 11 novembre, fut achevé le 7 décembre.

Entre temps, à la suite d'une conférence que Noailles et Coigny avaient eue à Obersaasheim le 23 et le 24 octobre, le roi avait approuvé les propositions des deux maréchaux et consenti à rédiger de nouvelles instructions.

L'armée du maréchal de Coigny prit en conséquence ses quartiers d'hiver en Alsace et se renforça des corps de l'armée de Noailles postés sur la haute Sarre. D'autre part, dès le 24 octobre, Coigny avait mis en marche 11 bataillons et 12 escadrons chargés de relever les troupes que Maurice de Saxe avait laissées dans la Basse-Alsace.

Le 26 octobre le maréchal de Coigny installe son quartier général à Neuf-Brisach.

 

 

Préparation des armées

Pendant tout le cours de l'hiver 1743-1744, la cour de Vienne ne cessa de se préoccuper de l'établissement du plan de la prochaine campagne et de l'exécution des mesures qui devaient en assurer le succès.

Charles de Lorraine se prononça en faveur de la constitution d'une armée de 50 000 à 60 000 hommes et de deux corps d'observation en réserve. D'après lui, la grande armée autrichienne devait, après avoir opéré sa jonction avec l'armée de la Pragmatique dans les Pays-Bas, prendre immédiatement l'offensive et partir des Flandres pour entrer en France, éloigner le théâtre de la guerre des provinces allemandes de l'Autriche, obliger les Français à tenir toutes leurs forces sur leurs frontières menacées.

Au commencement de février arrivaient de Paris des nouvelles qui ne manquaient pas de gravité et qui confirmaient les renseignements des émissaires envoyés en Alsace et les rapports du commandant de Fribourg, le feld-maréchal lieutenant Damnitz, qui affirmait que l'armée du maréchal de Coigny se préparait à prendre incessamment l'offensive et à pénétrer dans le Brisgau. On avait aussitôt donné au général de cavalerie baron von Berlichingen, qui commandait les troupes de première ligne, l'ordre de s'opposer à la réalisation de ce projet et l'autorisation de se faire, en cas de danger imminent, soutenir par les troupes du général de cavalerie hongrois, le comte Batthyany, cantonnées en Bavière et dans le Haut-Palatinat.

Maîtres des deux ponts existant à Huningue, les Français pouvaient, d'après lui, à l'aide d'un troisième pont qu'ils se proposaient de jeter à hauteur de Vieux-Brisach, déboucher en vingt-quatre heures sur la rive droite du Rhin, alors qu'il lui faudrait à von Berlichingen six à sept jours au moins pour concentrer ses troupes. Il faisait valoir de plus que, obligé de mettre au moins 8 000 hommes à Fribourg, il lui serait impossible de s'opposer au passage du Rhin par les Français et qu'il ne répondait même pas de pouvoir tenir assez longtemps les défilés de la montagne pour donner aux renforts venant de Bavière le temps de le rejoindre. Il ajoutait enfin qu'il n'avait pas d'argent et que ses troupes souffraient de la pénurie des vivres.

C'était plus qu'il n'en fallait pour qu'on se décidât de donner la préférence à la concentration de l'armée autrichienne sur le Haut-Rhin. C'était d'ailleurs là le projet que Marie-Thérèse avait accepté déjà en 1743, parce qu'elle rêvait la conquête de l'Alsace au profit de l'empire et la reprise de la Lorraine qui aurait fait retour à sa Maison.

Le 22 janvier, tout était définitivement décidé. L'armée autrichienne allait recevoir l'ordre d'opérer en Alsace, pendant que l'armée de la Pragmatique exécuterait en sa faveur une vigoureuse diversion en Flandre. L'armée d'opérations en Alsace devait se composer des troupes de Berlichingen et de celles cantonnées en Bavière et entrer en ligne avec 46 000 hommes, 18 000 chevaux et 92 bouches à feu. Un corps d'observation, dépendant de l'armée d'Alsace et placé sous les ordres de Batthyany, se réunirait et resterait en Bavière pour garder les provinces conquises et se trouver sous la main, en cas de reprise des hostilités avec la Prusse. La grande armée sous les ordres du prince Charles et du Feld-maréchal comte de Traun, devait être concentrée au commencement de mai sur le Neckar à Neckar-Ulm, Heilbronn et Lauffen, passer le Rhin et conquérir l'Alsace et la Lorraine.

Le 15 mars 1744, Louis XV déclare officiellement la guerre au Royaume-Uni et à l'Autriche.

Après l'entrée en guerre officielle de la Grande-Bretagne, la guerre se porte dans les Pays-Bas autrichiens, pays sous administration directe des Habsbourg. Épargnés dans un premier temps par la guerre de succession d'Autriche, les Pays-Bas autrichiens sont donc contraints d'entrer dans la lutte le 26 avril 1744, après la déclaration de guerre de la France à l'Autriche datant du 15 mars 1744 (consécutivement au traité défensif de Worms).

La frontière est franchie fin mai 1744 ; les places de la barrière, mal entretenue et faiblement défendues, résistent peu de temps.

L'armée française, sous les ordres du maréchal de Noailles, envahit ces provinces. Plusieurs villes tombent, et par une habile combinaison de coups de main et de pressions exercées par des troupes légères, Maurice de Saxe parvient à bloquer l'armée adverse pour le reste de la campagne. L’invasion des Pays-Bas autrichiens se poursuit, et l'armée française remporte victoire sur victoire.

L'armée française - 120 000 hommes placés sous le commandement de Maurice de Nassau - conquiert l'ensemble du territoire de ses ennemis au bout de trois campagnes successives, Gueldre (Provinces-Unies) et Luxembourg excepté.

En Flandre, quatre villes succombent rapidement : Menin (7 juin), le fort de La Knocke (Knocke), Furnes et Ypres (29 juin). Le 17 mai 1744, Courtrai est prise par les troupes françaises, villes qui furent mal défendues par les garnisons alliées, l'armée alliée moins nombreuse se contenta de couvrir Gand, Anvers et Bruxelles, tandis qu'une diversion de Charles de Lorraine en direction de l'Alsace empêcha le roi de France de poursuivre dans l'immédiat son invasion des Pays-Bas. Les opérations ne reprirent qu'au printemps, par le siège de Tournai.

Les opérations le long du Rhin

Le 1er août 1744, l’armée autrichienne, sous les ordres du prince Charles, se met en route en direction du Haut-Rhin.

Le 5 août, 200 soldats croates et hongrois, les Pandours, franchissent le Rhin en aval de Vieux-Brisach sous les ordres du baron Trenck, qui restera tristement célèbre pour ses terribles exactions.

Dans la nuit du 13 au 14 août, les hommes de Trenck récidivent en amont du Fort-Mortier.

Le 19 août, l'armée autrichienne forte de 50 bataillons, 46 compagnies de grenadiers à pied, 138 escadrons, 23 compagnies de grenadiers et de carabiniers à cheval et 6 régiments de hussards, représentant un effectif de 21 000 fantassins et de 17 000 cavaliers, était établie dans un camp entre Vieux-Brisach et Munzingen, où le prince mettait son quartier général.

Le 2 août, Noailles, avait envoyé à Maurice de Saxe l'ordre de surveiller le secteur Strasbourg-Fort-Louis. Il  atteignit Schiltigheim le 5. Entre temps, Noailles informé de la marche du prince Charles sur Vieux-Brisach, des préparatifs qu'il y faisait pour pénétrer dans la Haute-Alsace, modifia les ordres donnés à Maurice de

Saxe et lui prescrivit de suivre sur la rive gauche les mouvements de l'armée autrichienne et de s'opposer à son passage.

Parti le 8 au matin de Schiltigheim, arrivé le 10 à Marckolsheim, où il s'arrêta pendant trois jours, le 14 à Neuf Brisach et le 15 à Heiteren, le comte de Saxe organisa un réseau serré de surveillance de Lauterbourg jusqu'à Huningue, fit occuper par des paysans armés les soixante-seize redoutes élevées sur cette ligne, régla le service de ses patrouilles et fit ouvrir des voies de communication entre les cantonnements et les principaux postes.

Noailles résolut de concentrer son armée sur la Lauter d'où il pouvait, soit participer à la défense de la Basse-Alsace, soit se diriger vers la Sarre ou la Haute-Alsace.

Vers le 11 août, sur les rapports de Maurice de Saxe, lui signalant l'imminence d'une tentative sérieuse de passage du Rhin par le prince Charles, il avait dirigé vers la Haute-Alsace 15 bataillons et 8 escadrons. Le 15 août, il mettait son quartier général à Wissembourg.

Le 20 août, son armée forte de 52 bataillons, 97 escadrons, couverte par Bercheny laissé vers Spire et appuyée sur une réserve postée à Haguenau, s'établissait sur deux lignes, la première tenant la ligne Germersheim-Landau, la deuxième postée sur la Lauter. Noailles se proposait, dans le cas où le prince Charles aurait réussi à passer le Rhin, de se porter sur la Haute-Alsace avec le gros de ses forces, d'y opérer sa jonction avec Maurice de Saxe et de rejeter de concert avec lui les Autrichiens de l'autre côté du fleuve, pendant que le groupe laissé sur la Lauter couvrirait la Basse-Alsace.

A Versailles, on était désormais convaincu qu'il importait de confier à un générai en chef la direction des opérations sur le Rhin. Au lieu de confirmer à la tête de l'armée d'Alsace l'officier général Maurice de Saxe, dont le maréchal de Noailles avait su apprécier les talents, l'énergie, l'autorité, mais qui en sa qualité de protestant et d'étranger était peu goûté à la cour, on préféra faire choix du vieux maréchal de Coigny.

Le 24 au soir, après avoir conféré le matin avec Noailles à Wissembourg, le maréchal de Coigny arrivait à Strasbourg, d'où il partit le 29 pour se rendre dans le Haut-Rhin.

Entre temps, le prince Charles s'occupa des préparatifs du passage du Rhin et, après une reconnaissance exécutée le 45 et le 16 août en compagnie du feld-maréchal comte Khevenhüller, il résolut de forcer le passage simultanément à Vieux-Brisach et à Rheinweiler. On procéda immédiatement à la réfection des routes entre Fribourg-en-Brisgau et Vieux-Brisach, aux premiers travaux d'établissement du pont qui nécessitait l'emploi de vingt pontons, à l'expédition du matériel et de l'artillerie de gros calibre qu'on fit venir de Fribourg sur Vieux-Brisach.

Mais on risquait de manquer de vivres. Le prince Charles avait en même temps lancé une proclamation aux autorités alsaciennes, leur enjoignant de se soumettre à la domination autrichienne et de fournir à son armée les subsistances qu'il leur réclamerait, si elles ne voulaient pas s'exposer aux représailles les plus terribles.

Le 26 août, le prince Charles poussa Nadasdy avec 2 régiments de hussards et 500 Croates sur Eimeldingen, et le lendemain, le général de cavalerie baron Berlichingen avec 3 régiments de cavalerie, 200 Croates et 4 canons sur Sponech, et le général Trips avec 2 régiments de hussards sur Ichtingen en remontant le Rhin.

Le 28, la deuxième ligne de l'armée, sous les ordres du prince de Waldeck, vint en remontant le Rhin s'établir avec 70 pièces de canon au sud de Neuenburg et à Kaltenherberg, avec la mission d'établir des batteries à Bamlach et à Rheinweiler.

Cependant, Trenck tentait avec ses Pandours deux coups de main sur la rive gauche du Rhin. La première fois, il réussit à enlever quelques hommes et quelques voitures d'un convoi près de Biesheim; mais la deuxième fois, il eut grand-peine à se tirer d'une embuscade dans laquelle il était tombé.

Maurice de Saxe se transporta dans un nouveau camp qu'il établit, le 26 août, à Ottmarsheim, où le maréchal de Coigny le rejoignit dans la nuit du 29 au 30. Son armée, sans y comprendre la garnison de Fort-Louis, qui faisait partie de l'armée de Noailles, se composait de 51 bataillons, 98 escadrons et 1 bataillon d'artillerie, répartis comme suit : 21 bataillons et 33 escadrons formant la réserve générale entre Banzenheim et Ottmarsheim, 27 bataillons et 62 escadrons, renforcés un peu plus tard par 3 bataillons de milices, le long du Rhin, entre Huningue et Rheinau, 3 bataillons, 3 escadrons, 1 bataillon d'artillerie et 3 de milices, à Strasbourg.

Le 2 septembre, le prince Charles pris ses dispositions pour le passage du Rhin, à la tête de 27 bataillons, 60 escadrons, 24 compagnies de grenadiers à pied et de la réserve d'artillerie réunies entre Hartheim et Oberrimsingen, des Pandours de Trenck et d'une partie des Croates de Minsky réunis à Vieux-Brisach.

En même temps, le prince de Waldeck avait reçu l'ordre de passer le fleuve à Rheinweiler avec 11 bataillons, 30 escadrons et 26 bouches à feu. Il avait, à cet effet, réuni son matériel de pont dans les bras morts du Rhin.

Le général de cavalerie comte Hohenems avait pour mission spéciale de surveiller, avec 12 bataillons, 30 escadrons et 44 canons, le gros des troupes françaises rassemblées à Banzenheim, et de passer ensuite sur la rive gauche soit à Vieux-Brisach, soit à Rheinweiler.

Enfin, pour maintenir les communications entre Vieux-Brisach et Neuenburg, on avait établi Palffy avec 9 compagnies de grenadiers à cheval et 14 de carabiniers à Hartheim. et Ghilanyi avec 2 régiments de hussards à Grissheim et Zienken.

Dans l'après-midi du 3 septembre, la première ligne et la réserve d'artillerie se portèrent sur Vieux-Brisach et s'établirent entre Hochstetten et Ihringen.

Vers le soir, les grenadiers à pied, les Pandours et les Croates prirent position au sud de Vieux-Brisach, en vue du passage qui devait s'exécuter d'abord jusqu'à l'île Rheinach et  sur Heiteren.

 

Les environs de Vieux-Brisach et l’emplacement des Iles de Rheinach en 1743

Au même moment, les batteries de l'Eckers-Berg et du bastion n° 22 ouvrirent le feu contre le fort Mortier et les retranchements français de l'île Rheinach.

A 10 heures du soir, les Pandours et les Croates de Trenck prenaient assez facilement pied dans l'île Rheinach; mais ils échouèrent dans leur attaque contre la tête de pont qui couvrait le Geiswasser. A 11 heures, les grenadiers vinrent rejoindre Trenck dans l'île Rheinach et, sans plus se préoccuper de la redoute française, on commença les travaux d'établissement du pont.

Entre temps, le commandant de ce secteur, le maréchal de camp de Brun, avait réuni les 5 bataillons et les 15 escadrons cantonnés à Volgelsheim, Obersaasheim et Heiteren, et s'était porté avec ses troupes jusqu'à la tête de pont.

De son côté, Coigny avait, à la première nouvelle des tentatives des Autrichiens, envoyé à Obersaasheim 5 bataillons qui, entrant en ligne le 4 au matin, firent échouer tous les efforts faits par les Croates pour passer le Geiswasser, long d’un bras étroit, mais rapide et profond, du Rhin qui sépare l'île Rheinach de la rive française.

Les Autrichiens avaient, d'autre part, rencontré des difficultés inattendues dans l'établissement du pont, qui ne fut achevé que dans l'après-midi du 4 septembre, et ils avaient dû transporter en bateau dans l'île 12 bataillons d'infanterie qu'on avait espéré faire passer sur le pont.

La démonstration faite par Berlichingen à Burkheim n'avait pas eu plus de succès et avait été éventée et déjouée par les batteries que Clermont-Gallerande avait eu le soin d'établir.

Quant à la tentative du prince de Waldeck, elle avait entièrement échoué devant le feu meurtrier que les batteries françaises de Rheinweiler et de Bamlach dirigèrent contre lui dans l'après-midi du 3.

Le 4 au matin, Waldeck, malgré un épais brouillard, n'en embarqua pas moins, sur trente-deux bateaux, 2 compagnies de grenadiers et 400 Croates. Une partie de ces bateaux, perdant la direction et entraînés par le courant, vinrent s'échouer sur un banc de sable au sud de Rheinweiler et ne purent être ramenés sur la rive droite qu'à la fin de l'action.

Les troupes autrichiennes embarquées sur les autres bateaux essayèrent vainement d'enlever les redoutes. Écrasés par les renforts amenés par le lieutenant général de Balincourt, les Autrichiens qui restaient encore debout durent ou se jeter dans le Rhin, où ils se noyèrent, ou déposer les armes. Un deuxième échelon ne parvint pas non plus à débarquer et dut se replier après avoir perdu sept de ses bateaux, coulés par les projectiles des batteries françaises.

Cette tentative avait coûté aux Autrichiens 100 hommes, tués ou blessés, et plus de 400 prisonniers.

L'échec essuyé par Waldeck à Rheinweiler permit à Coigny de se porter, avec les 16 bataillons et les 33 bataillons de sa réserve établis entre Ottmarsheim et Banzenheim, sur Obersaasheim, où il arriva le 4 septembre, une heure avant l'achèvement du pont que construisaient les Autrichiens et à temps pour compléter les mesures prises par de Brun.

En présence des forces considérables réunies par le prince Charles de Lorraine et soutenues par la puissante artillerie dont étaient armés les remparts de Vieux-Brisach, Coigny, qui avait eu d'abord l'intention de se servir du pont qu'il avait encore en son pouvoir et qui faisait communiquer la rive gauche avec l'île de Rheinach, afin de rejeter les Autrichiens sur l'autre rive, renonça à ce projet. Pensant avec juste raison qu'il importait surtout pour lui de se ménager la possibilité de disposer de cette réserve, dont la présence pouvait lui être utile ailleurs et qu'il aurait dû immobiliser tant que les Autrichiens restaient maîtres de l'île et du pont qui y conduisait, il jugea plus sage de se contenter de détruire le pont.

Le prince Charles, de son côté, renonça à essayer de prendre pied sur la rive gauche; mais, afin de s'assurer la possession de l'ile de Rheinach, il y fit élever, pendant les journées des 4 et 5 septembre, une batterie de 10 pièces à l'extrémité sud de l'île et une solide tête de pont.

De son côté, Coigny renforça de plusieurs batteries les retranchements existant déjà sur la rive gauche de Geisswasser, qu'il arma avec des mortiers de 100 livres et des pièces de gros calibre tirées de Neuf-Brisach et fit préparer les moyens de destruction du pont autrichien.

Le 10 septembre, ces travaux étaient achevés, et les Français ouvrirent contre le pont un feu tellement bien dirigé qu'on réussit à couler cinq pontons que les Autrichiens remplacèrent à plusieurs reprises.

Vers minuit, les Français se résignant à laisser momentanément l'île de Rheinach entre les mains des Autrichiens, cessèrent le feu, dont la continuation aurait été d'autant plus inutile que, en présence des forces réunies sur la rive gauche et de la solidité des retranchements, il était impossible d'admettre que le prince Charles aurait l'audace et l'imprudence de renouveler son attaque.

Le général autrichien chercha, en effet, d'autres points de passage, et, le 12 septembre, il ramena sur la rive droite toutes les troupes qu'il avait jetées dans l'île Rheinach à l'exception de 3 bataillons d'infanterie, de 6 compagnies de grenadiers, des Croates et des Pandours.

Le conflit se porte dans le nord de la France…

En 1745, alors que l'armée principale sous Noailles investit Tournai, une armée de secours anglo-austro-néerlandaise, sous les ordres du duc de Cumberland, se porte à la rencontre de l'armée du maréchal de Saxe, qui a franchi l'Escaut pour couvrir le siège. La rencontre des deux armées amène à la bataille de Fontenoy, et voit les Français sortir victorieux de l'affrontement. Outre la portée stratégique de la bataille, le symbole de la victoire en présence du Roi Louis XV ainsi que de son fils illumine cette campagne de 1745 pour les Français.

Au printemps de l'année 1745, l'effort se porte sur Tournai qui est investie à la fin avril. Le 11 mai 1745, alors qu'elles tentaient de desserrer l'encerclement, les forces anglo-hollandaises dirigées par le duc de Cumberland sont écrasées à la bataille de Fontenoy, à l'est d'Antoing. La cité scaldienne succombe finalement le 22 mai.

L'attaque peut continuer vers Gand (15 juillet), Audenarde (21 juillet), Ostende (24 août) et Nieuport (6 septembre). Le 9 juillet 1745 marque la victoire des troupes françaises sous le commandement du lieutenant général de Langlade à la bataille de Melle pour commencer l'encerclement de Gand.

Le dernier affrontement de cette année de campagne, la prise d'Ath, se déroule le 8 octobre 1745.

Début 1746, sans tarder, les opérations militaires reprennent en Brabant : Bruxelles (22 février 1746), Malines et Anvers tombent successivement.

Puis pratiquement, sans coup férir, les troupes repassent en Hainaut. En juillet, c'est au tour de Mons (le 11 juillet 1746), Saint-Ghislain et Charleroi de succomber.

Sans cesser, l'action se poursuit alors en direction de Namur (prise le 30 septembre 1746), puis vers Rocourt, au Nord-Ouest de Liège. Le 11 octobre 1746 l'armée autrichienne, commandée par Charles-Alexandre de Lorraine, est défaite lors de la bataille de Rocourt. La porte des Provinces-Unies est entrouverte, les troupes y pénétreront en 1747.

Le 2 juillet 1748 victoire du Maréchal de Saxe à la bataille de Lauffeld près de Tongres.

La menace pesant sur les Provinces-Unies se concrétise lorsque tombent Berg-op-Zoom le 18 septembre 1747 et Maastricht le 7 mai 1747.

La fin de la guerre vue du front de l'ouest

Les forces coalisées ont perdu sur ce front, les Français ont fait une démonstration de force, mais les conquêtes sont en intégralité rendues par Louis XV lors du traité de paix d'Aix-la-Chapelle.

On ne s'explique plus guère, à l'heure actuelle, pourquoi la France de Louis XV, ayant accumulé les victoires sur le territoire des Pays-Bas et des Provinces-unies et étant responsable de l'invasion a capitulé totalement devant les prétentions autrichiennes sur les Pays-Bas. On connaît assez les prétentions séculaires des différents souverains français de Louis XI à Louis XIV sur le territoire de la Bourgogne et successivement du cercle de Bourgogne, prétentions féodales-suzeraines et souveraines sur une partie de ce territoire (Flandres) ... et les arrêts du conseil d’État, sur ces différentes matières... La diplomatie et les prétentions territoriales immémoriales sont souvent des matières très complexes, qu'on n'entend plus guère de nos jours. Il est vrai qu'une des parties au contrat est un état moderne issu de la Réforme : les Provinces-Unies.

 Le calendrier politique suffit-il à expliquer la situation à l'arrière du front , en octobre 1746 commencent les négociations de Paix de Breda, janvier 1747 voit la chute du ministère d'Argenson, et le mois de mai, une révolution orangiste dans les Provinces-Unies restaurant provisoirement Guillaume IV d'Orange-Nassau comme stadthouder héréditaire, en juin et novembre 1747, la signature de deux traités anglo-russes prévoyant le déploiement de troupes russes supplémentaires...

C'est aussi le début de défaites sur le front italien. Signalons néanmoins que la prise de Maastricht aura lieu en mai 48, alors que les négociations du traité d'Aix-La-Chapelle ont commencé depuis plus de deux mois.

Les auteurs semblent donc unanimes pour affirmer que, bien que la victoire de Berg-op-Zoom (16 septembre 1747), et la prise de Maastricht (6 mai 1748) donnait à la France une position avantageuse qui menaçait les Provinces-Unies, elle se décida à négocier.

Le 30 avril 1748, les préliminaires furent signés avec l'Angleterre. Ils furent acceptés par l'Autriche et l'Espagne en mai. Lors de la signature de la paix à Aix-La -Chapelle (28 octobre-20 novembre 1748), la France abandonnait ses conquêtes ...

La guerre se termine bien pour le roi de Prusse qui agrandit ses domaines et pour Marie-Thérèse qui fait reconnaître l'élection de son mari François de Lorraine (qui descendait en droite ligne des anciens ducs d'Alsace, famille de sainte Odile) comme empereur germanique.