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PORTE-BONHEUR OU SUPERSTITION ? LE FER A CHEVAL

 

Qui n’a pas réfléchi un instant avant de passer sous une échelle ? Qui n’a pas hésité à poursuivre son chemin après avoir croisé un chat noir ? Qui n’a jamais entendu une réflexion lorsque l’on se retrouve treize à table ? Et ce chiffre treize, porte-bonheur au loto et d’un terrible effet lorsqu’il tombe un vendredi… Il y aurait bien d’autres exemples encore, mais nous sommes tous d’accord, personne ici n’est superstitieux ! Pourtant, chacun un jour a cherché un trèfle à quatre feuilles à quatre pattes dans l’herbe ou encore s’est baissé pour ramasser un fer à cheval perdu par un animal sur un chemin ! Quoiqu’il est vrai que nous ayons de nos jours autant de chance de trouver l’un ou l’autre !

 

Goethe dans une poésie intitulée « Légende » nous raconte l’histoire suivante :

 

« En parcourant la Galilée, Jésus remarqua un objet qui brillant sur le sol. Il s’agissait d’un fer à cheval, et il demanda à Pierre de le ramasser. Ce dernier fit mine de n’avoir rien entendu et Jésus ramassa l’objet. Arrivé au village, il le vendit pour trois pièces de monnaies avec lesquelles il acheta des cerises. Tous deux continuèrent leur route sous une chaleur accablante. Jésus laissa négligemment tomber une cerise que Pierre assoiffé s’empressa de ramasser. L’opération se répéta de nombreuses fois, au plus grand plaisir de Jésus qui s’en amusait et dit : « Vois-tu Pierre, si tu avais ramassé ce fer à cheval, tu n’aurais pas eu besoin de te baisser de si nombreuses fois ! » Evidemment ceci n’est qu’un exemple pour montrer l’intérêt que l’on portait déjà à cette époque au fer à cheval.

 

On raconte qu’un chevalier poursuivait de ses assiduités une nonne du couvent d’Alspach près de Kaysersberg. Un jour, il l’enleva et s’enfuit à cheval avec elle. Aveuglé par sa passion, sans doute, ou par le soleil, il ne vit pas un ravin et y tomba. Il paraît que l’on peut encore voir aujourd’hui les empreintes des quatre fers du cheval…

 

Il est dit aussi que jadis, dans le famille de Waldner de Freundstein, il y eut une fille a qui un prétendant faisait une cour assidue, ce que la demoiselle était loin d’apprécier. Un jour, afin d’échapper à une cour trop pressante et à un prétendant vraiment trop collant et empressé, la jeune fille sauta sur un cheval et s’enfuit dans la nature pour y retrouver un peu de calme. Malheureusement pour la belle, le cheval fit un écart et chuta dans un ravin. Plusieurs années après, on trouva un fer à cheval dans un chêne qui venait d’être abattu ! la légende dit qu’il s’agissait de celui du cheval de Waldner de Freundstein…

 

Au cours de la Guerre de Trente Ans, alors que les Suédois attaquaient Thann, les villageois apeurés appelèrent Saint-Théobald à leur secours. Leurs prières furent semble-t-il exaucées puisque, soudain, les chevaux des Suédois perdirent leurs fers et devant ce miracle, l’ennemi s’enfuit. Les thannois ramassèrent les fers et en souvenir les clouèrent à la porte de l’église où il est dit qu’il s’y trouvaient encore au milieu du XIXème siècle !

 

La croyance populaire voulait que l’on clou des fers à cheval à la porte des granges et des écuries pour éloigner les sorcières et les esprits malins… Cette superstition a-t-elle un rapport avec la sorcellerie qui régnait dans notre province au Moyen-Âge ?

 

Savez-vous que 14 communes d’Alsace ont un fer à cheval dans leur blason ? Certains avancent comme explication que ces localités étaient autrefois relais de poste… Il s’agit alors d’armoiries parlantes, comme celles qui ornaient jadis les maisons des maréchaux-ferrants et des forgerons, mais l’histoire ne nous dit pas si cela leur a porté chance !