DU
« MONASTERIUMKAS » AU MUNSTER !
Qu’est-ce que le
« munster » ? Un fromage bien sûr, mais
connaissez-vous son origine ? C’est un peu comme l’histoire de
la poule et de l’œuf ! Lequel était là le premier ? L’œuf
ou la poule ? Soyons sérieux, Munster n’existe pas à cause du
fromage, mais c’est sans doute pour beaucoup grâce au fromage que
l’on connaît la ville de Munster ! Ecoutez donc cette dernière
légende, celle de celui qui termine souvent nos repas et dont nous
aimons nous délecter.
« Nous sommes en 634. Des moines
venus de Rome s’arrêtèrent pour la nuit au lieu dit
« Schweinsbach » (près de Stosswihr-Ampfersbach). Il
s’abritèrent sous des branchages, trop fatigués ils s’endormirent
ainsi. La nuit étant bonne conseillère, ils surent en se levant que
s’était ici qu’il leur fallait s’installer. Après des huttes de
branchages, ils construisirent des abris de pierres et bientôt y
adossèrent une chapelle. Sans relâche, ils défrichèrent et rapidement,
leur sueur fut récompensée par de belles et grasses prairies sur
lesquelles ils mirent à paître des troupeaux. Au fil des mois, ils
découvrirent la région et s’aperçurent que de l’autre côté de la
montagne, au-delà du Sattel, existait une vallée plus grande
encore ! Les deux vallées et les rivières qui y coulaient se
rejoignaient en un point unique qui devint rapidement le nouveau lieu
de construction d’un couvent. Le « Schweinsbach » devint
alors un relais entre les prairies et le couvent. Les années
passèrent, les moines devinrent nombreux, une grande quantité de
réfugiés vint s’installer à proximité. Tous participèrent au
défrichement, à la culture et à l’élevage.
Parmi les moines, il y avait frère Jean.
Celui-ci se démarquait des autres par sa tendance à la paresse et au
bougonnement ! Un jour ce fut son tour d’aller récupérer le lait
à l’Ampfersbach. Il n’aimait pas ce travail, pas plus qu’un autre
d’ailleurs et sans cesse il avait à se plaindre. Transportant les
seaux de lait, il raclait l’herbe des pieds, donnait des coups de
semelle qui remuaient la verdure et ce faisant, il ne se rendit pas
compte qu’une plante s’était déposée au fond du seau …
Son ouvrage terminé, il s’accorda une
sieste qui fut en réalité un long sommeil, puisque parti au petit
matin, il ne se réveilla qu’à la sonnerie de l’angélus du soir.
Soudain très pressé, il s’empara de ses seaux et oh ! surprise,
il fut tout à coup tétanisé ! Le lait avait caillé, il n’était plus du
tout liquide… Persuadé d’avoir été puni par le ciel, il jura de
devenir le meilleur frère de la vallée. Arrivé au couvent, il fit
preuve d’une ferveur inhabituelle lors des prières puis alla voir le
père supérieur afin d’obtenir son pardon. Le Père le réprimanda, mais
homme de bonté il trouva la leçon suffisante et demanda à voir le
lait ! Penaud, frère Jean montra sa piètre matière. Le Père y
trempa un doigt et dit alors d’un œil
malicieux : « Frère Jean, savez-vous qu’en l’affinant
dans nos caves, nous en ferons un merveilleux et délicieux
fromage ? », puis saisissant la coupable
fleur : « voilà notre fleur, son pouvoir est maintenant
connu ! ». Depuis ce jour, les moines eurent un nouveau
travail, l’affinage du fromage.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Un
jour, le Pape Saint Grégoire décida une visite dans ce couvent pour
féliciter les moines pour leur labeur. Il fut remarquablement servi
lors du festin donné en son honneur et la fin du repas fut fêtée avec
ce délicieux fromage ! Le Pape fut ravi et éleva le couvent au
rang de monastère. Le Père supérieur remercia son visiteur en lui
promettant de dédier la vallée à son saint nom. Le fromage du couvent
devint le fromage du monastère, le « monasteriumkas »,
déformation du « munsterkas ». Il est vrai que les invasions
successives de la vallée affectèrent durement la façon de parler des
gens de la vallée, mais les marcaires de la région sauront toujours
servir un vrai « munster » !